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Les GIGNOUS dit JANAVEL

Lire ci-dessous l’article de Jean JALLA de septembre 1917.

À l'époque de Josué JANAVEL

Les GIGNOUS JANAVEL

Dans son article de 1917, l’historien et pasteur Jean JALLA a recueilli tous les documents concernant Josué JANAVEL qui a vécu au XVème siècle dit le siècle de fer. Ces documents ont été consultés aux archives communales de Luserna-San-Giovanni (Luserne-Saint-Jean) et aux archives des notaires de Pinerolo (Pignerol) et à Genève.

Il affirme que JANAVEL est une branche de la famille GIGNOUS. C’est l’exemple d’un surnom finissant par faire disparaître le nom, cas fréquents dans les vallées du Piémont. On trouve de nombreux GIGNOUX, GIGNOSO, GINOSIUS, ENGIGNOSUS tant en France qu’en Italie. La forme engignosus signifie ingénieux et peut expliquer l’origine du nom.

Dès le XVIème siècle les GIGNOUS portent différents surnoms :

  • les  Grant de Bobbio Pellice
  • les Barolin de Villar Pellice
  • les Gay (nom donné au geai, l’oiseau) de Villar Pellice
  • les  Melli
  • les Janavel (nom donné au Grand Duc, oiseau nocturne des Vallées).

Ils sont implantés principalement dans la vallée du Guil, à Ristolas (Queyras, Haute Alpes, France) et dans toutes les communes de la vallée du Pellice (Italie), soit sur les deux versants des Alpes.

Chronologiquement, les GIGNOUS évoqués dans les textes :

  • 1354 – Bartholomeus Ginosus est un des suspecti de fide (suspectés de foi) dont Jacques d’Achaïe ordonna l’arrestation.
  • 1507 – l’inquisition arrête et emprisonne à Pignerol le barbe vaudois Jean François Gignoso di Bobbio dont le procès finit probablement par le supplice.
  • 1593 – Jacques GIGNOUS est créancier de la commune de Luserne. Il est envoyé à Cavour pour les travaux du siège ainsi que François GIGNOUS GAY, François GIGNOUS BAROLIN, François GIGNOUS GRANT, Guglielmino Melij GIGNOSO et GIGNOUS GIGNOUS (Ginoso de Gignosi) qui testa en 1617. C’est l’époque où Charles Emmanuel 1er , après avoir essayé, par son édit du 2 mars 1602, de réduire les limites fixées aux Vaudois par le traité de Cavour, s’était vu obligé de renoncer à inquiéter ses sujets, dont la valeur lui était précieuse pour la garde de ses frontières et pour ses guerres incessantes.

La famille de Josué JANAVEL

Les deux Gianavella (haut et bas) - Illustration du Professeur Paschetto
La Gianavella du bas - Illustration du Professeur Paschetto

Dans les régions montagneuses où les persécutions séculaires avait refoulé la population, les familles se trouvaient à l’étroit pour maintenir et élever une nouvelle génération. Aussi, il y eut une forte poussée à laquelle les GIGNOUS participèrent largement.  Parmi ceux-ci deux GIGNOSO GIANAVELLO de Bobbio Pellice, Joseph et Jean, l’un et l’autre fils de Jacques GIGNOUS, le fameux créancier de Luserne. Jacques GIGNOUS était encore vivant en 1608 sur le territoire de Luserne au lieu dit Liorato devenu Gianavella, ses fils à ses côtés.

C’est Jean qui est le père de Josué JANAVEL. Marié à Catherine, il a 1 fille Marguerite, l’ainée et 3 fils, Jacques né vers 1610, Josué né en 1617 et Joseph, le cadet.

Après la mort de leur père (1634) et de leur mère quelques mois après, et le mariage de leur soeur Marguerite avec Joseph GARNIER habitant non loin de la Gianavella, Jacques et Josué partagent les biens de leurs parents en 1639. Jacques garde la maison avec le cadet Joseph encore mineur, la Gianavella et Josué aménage une petite maison à 100 mètres plus bas, la Gianavella du bas. Ils règlent la dot à leur soeur Marguerite. Josué peut donc se marier avec une fille de Riora, Catherine DURAND.

Catherine et Josué auront 3 filles, Marguerite, Jeanne et Marie et un garçon. Ils vivent dans le quartier des Vignes dépendant de la paroisse de Riora et vendent le produit de leurs récoltes au marché de Luserne à une demi heure à pied.

Après plusieurs menaces d’expulsion, en 1641, en 1650 et en 1653, le 25 janvier 1655, le gouverneur Andrea Gastaldo, qui s’intitulait Conservateur général de la Sainte Foi pour l’observance des ordonnances contre la prétendue Religion Réformée de la Vallée de Luserne, publiait dans ce chef-lieu l’ordre péremptoire adressé aux Vaudois résidant à Luserne, Saint-Jean, la Tour et autres lieux de la plaine, y compris naturellement les Vignes et Liorato, d’abandonner ces territoires dans l’espace de trois jours, sous peine de mort et de confiscation de leurs maisons et biens. Toutefois, pourraient rester chez eux ceux qui, dans l’espace de vingt jours, se résoudraient à une abjuration.

La famille JANAVEL se réfugie à Rora où elle est acueillie par une autre famille vaudoise. Dans la nuit du 16 au 17 avril, une armée de 15 000 hommes fait irruption dans la vallée. Le 24 avril, la veille de Pâques, l’ordre est donné de massacrer les familles de vaudois ne voulant pas abjurer : ce sont les Pâques vaudoises (ou piémontaises). 

Le contexte de l'époque

Le duc Charles Emmanuel 1er de Savoie, Prince du Piémont est coincé entre la France, l’Espagne et le Saint Empire germanique. Il ne cesse de chercher à conquérir ou reconquérir des territoires. Il se marie le 11 mars 1585 avec Catherine Michelle d’Espagne. Allié au royaume d’Espagne par son mariage, puis en conflit avec celui-ci dans la guerre de succession de Montferrat, il a besoin de beaucoup d’argent et taxe les habitants. Il taxe ceux du Piémont pour alimenter le fort de Mirabouc, en fait, servant à séparer les vaudois du Piémont de ceux du Queyras. Il taxe les vaudois sur leurs cultes : ouverture de temples, cérémonies jusqu’à provoquer des troubles (1617-1621). Il entre en guerre contre la France à propos de la guerre de succession de Mantoue (1628-1631) pendant que se répand la peste dans les vallées du Piémont 1630-1631). Malgré les guerres dans lesquelles le duc de Savoie est impliqué, il poursuit les persécutions en direction des vaudois (interdiction aux vaudois d’acheter les biens des Catholiques). Au décès du père de Josué, la famille a vécu des moments difficiles et les enfants s’ils sont capables de lire la Bible et probablement compter, ils ne savent pas écrire.

Analyse du dépouillement des registres de baptêmes, mariages et décès 1679-1969

Dès 1679, on trouve des familles GIGNOUS dit JANAVEL dans trois villages :

  • Torre Pellice
  • Villar Pellice
  • Rorà

et un GIGNOUX GAY né à Torre Pellice et vivant à Villar Pellice.

Dans les Alpes, les noms de famille pouvaient être composés comme les deux cités ci-dessus. Au fil des générations, les GIGNOUS dit JANAVEL se sont transformés en JANAVEL. Le GIGNOUS a disparu. Cette disparition est visible dans les actes d’état civil publiés par famille.

Les GIGNOUS dit JANAVEL de Torre Pellice

Le plus ancien dans le registre, Josué GIGNOUS dit JANAVEL, est né vers 1669 à Torre Pellice. Ses enfants sont nés après la Glorieuse rentrée de 1689. Le registre ne commence qu’en 1692. Un autre Josué né vers 1695 n’a pu être rattaché au premier.

Les GIGNOUS dit JANAVEL de Villar Pellice

Le plus ancien dans le registre, Jean GIGNOUS dit JANAVEL, est né vers 1648 à Villar Pellice. Ses enfants sont nés avant la Glorieuse rentrée de 1689. Un second Jean est né vers 1658. Un de ses enfants est né avant 1689, les autres après. Le registre ne commence qu’en 1679. Il existe un Jacques né vers 1624 et un Jean né vers 1632 sans que des liens puissent être établis avec l’un des deux Jean ci-dessus.

Les GIGNOUS dit JANAVEL de Rorà

Un Daniel GIGNOUS dit JANAVEL est né vers 1671. Aucun lien avec Josué JANAVEL n’a été trouvé. Josué JANAVEL est né vers 1610-1615. Certaines informations précisent qu’il s’est réfugié à Genève avec ses filles. D’autres informations précisent qu’il avait un fils durant les Pâques vaudoises en 1655. Il est possible que Daniel soit son petit-fils. Le registre de Rorà démarre en 1694.

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