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S'exposer à la critique !
En 1874, boulevard des capucines, à Paris, s’ouvre une exposition organisée par une trentaine d’artistes dont Edgard DEGAS, Claude MONET, Auguste RENOIR, Camille PISSARO, Paul CÉZANNE, Berthe MORIZOT. Ils ont entre trente et quarante ans et n’acceptent plus de voir régulièrement la plupart de leurs oeuvres refusées par les jurys des Salons officiels où sont exposées les oeuvres de Jules ALBY, élève de CABANEL (famille de GINOUX de la COCHE)
MONET expose un tableau intitulé « Impression, soleil levant« , qui fait dire au critique Louis LEROY dans Le Charivari du 25 avril 1874 :
C’est ainsi que naît le terme « impressionnisme ».
Entre 1874 et 1886, il y aura huit expositions « impressionnistes ». Les critiques ne ménagent pas, surtout au début, leurs propos hostiles et moqueurs. L’un deux écrit dans le Figaro du 3 avril 1876 :
Mais, petit à petit, cette nouvelle peinture trouve ses défenseurs. L’écrivain Émile ZOLA prend parti pour ceux qu’il considèrent comme « de véritables peintres, des artistes doués du plus grand mérite ».
Joëlle BOLLOCH
Peintres du paysage ou peintres de la lumière ?
Pour les impressionnistes, il n’est plus question de se pencher sur le passé, sur l’histoire, de puiser l’inspiration dans les références religieuses ou mythologiques : ils peignent ce qu’ils voient, rien que ce qu’ils voient et presque tout ce qu’ils voient !
Dès 1863, sur les traces de leurs aînés, les peintres de l’école de Barbizon, MONET, RENOIR,SISLEY, BAZILLE, quittent l’atelier parisien de Charles GLEYRE pour aller travailler « sur le motif », dans la campagne des environs de Paris. L’apparition de la peinture en tube leur permet de se déplacer plus facilement, pour travailler en plein air,même si, la plupart du tremps, ils achèvent leurs tableaux en atelier. Leur souci ? Peindre la nature telle qu’elle leur apparaît, dans la lumière du moment présent. La même préoccupation les emmène sur la côte normande, du Havre à Honfleur, à la recherche de la lumière changeante des bord de mer. Ils saisissent leurs motifs à différentes heures de la journée et à différentes saisons de l’année (Paysage d’hiver à Louveciennes, PISSARO). Cette nature qu’ils aiment, ils la peuplent de personnages. Dans ses femmes au jardin, MONET réussit à traduire l’instant où les jeunes femmes se retrouvent au jardin, alors que le soleil et les ombres jouent et se découpent sur le sol.
Joëlle BOLLOCH
La vie telle qu'elle se laisse voir
Les Impressionnistes vivent avec leur époque, et ils en montrent tous les aspects.
La france se modernise, les chemins de fer se développent, les peintres s’emparent du sujet : trains dans la campagne, ponts de chemin de fer, fumées envahissent leurs tableaux. Ils se rendent dans les gares : ils les représentent (La Gare Saint-Lazare, MONET). Au bout de la ligne, ils descendent abvec les parisiens qui fuient la ville en fin de semaine pour se distraire sur les bord de Seine : ils montrent leurs contemporains qui font du bateau sur le fleuve, se rafraîchissent dans les guinguettes (Le déjeuner des canotiers, RENOIR) et finissent la journée dans les bals populaires.
Rentrent-ils à Paris, c’est pour retrouver la ville qui se transforme, en peindre les grands boulevards, la foule qui s’y promène, les rues vides ou en fête. (La rue Montorgueil à Paris, Fête du 30 juin 1878, MONET).
Les parisiens vont au théâtre, à l’Opéra ? Les peintres y sont (L’Orchestre de l’Opéra, DEGAS). Ils se rendent dans les bars, les jardins publics, sur les champs de courses ? Les peintres sont encore là (La Musique aux Tuileries, MANET)…
Et comme pour bien affirmer leur existence au sein de ce fourmillement de vie, ils se prennent les uns les autres pour modèles, font des portraits de leurs amis et de leur famille, sans oublier… de se peindre eux-mêmes !
Joëlle BOLLOCH
Source
L’impressionnisme dans La Petite Encyclopédie de l’Art, 1995 – article rédigé par Joëlle BOLLOCH, chargée d’études documentaires au musée d’Orsay en 2002.