Le site de la Communauté des Ginoux

Les champions de ski français (1924- 1938)

Le Club Alpin Français (CAF)

Fondé en 1874; le Club Alpin Français écrit dans ses Statuts de 1874 – Article premier :

« Le Club Alpin sert de lien entre toutes les personnes que leurs goûts ou leurs études attirent vers les montagnes. Il a pour but de faciliter et de propager la connaissance exacte des montagnes de la France et des pays limitrophes :

  • Par des Excursions, soit isolées soit faites en commun
  • Par des publications de travaux scientifiques, littéraires, et artistiques, et de renseignements propres à diriger les touristes
    Par la construction ou l’amélioration de refuges et de sentiers
  • Par des encouragements aux compagnies de Guides
  • Par des réunions ou conférences périodiques
  • Par la création de bibliothèques et de collections spécialisées ».

Il est composé de nombreuses sections locales dont les membres sont des amoureux de la montagne (touristes, savants, scientifiques, militaires…).

L'engouement des français pour le ski

L’affaire couvait depuis plusieurs années – précisément depuis qu’en 1878, un Grenoblois en visite à l’exposition universelle de Paris, avait découvert, sur le stand suédois, des « patins à neige » et qu’il en avait fait l’acquisition. De retour en Dauphiné, Henri Duhamel avait convié ses amis alpinistes à quelques « expériences »… peu concluantes : sur ces planches démesurément longues, munies de fixations très approximatives (de longues lanières en cuir), avec un seul bâton, et sans moniteur, les « skystes » se trouvaient aussi embarrassés « qu’une carpe peut l’être avec une pomme » !…

Mais leur enthousiasme était inoxydable, et ils persévérèrent : un « Ski Club des Alpes » fut créé en 1896. Dix ans plus tard, le capitaine Clerc du 159e régiment d’infanterie alpine basé à Briançon prit le relais et, avec l’aide d’instructeurs scandinaves, forma des militaires skieurs, capables de défendre nos frontières durant l’hiver. À l’évidence, le ski apparaissait comme un moyen de locomotion très prometteur pour les pays de l’arc alpin – France, Italie, Suisse – qui commençaient à s’y intéresser, avec des méthodes – et des résultats – parfois surprenants.

L’idée d’une confrontation s’imposa naturellement. Elle vit le jour en février 1907 à Montgenèvre, à l’initiative du Club alpin français qui organisa le premier « concours international de ski ». Les militaires français du capitaine Clerc, et leurs homologues italiens formés par le colonel Zawatari, s’y affrontèrent dans la bonne humeur, avec des techniques peu orthodoxes, sous l’oeil ébahi de milliers de spectateurs pour qui le ski apparaissait bien plus qu’un simple moyen de locomotion : un loisir merveilleux. À leur tour, ils allaient se lancer sur les pentes neigeuses, à la recherche de cette sensation magique : la glisse.

France Archives – Pages d’histoire -Yves Ballu – docteur ès sciences – ancien conseiller Montagne auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports

Le premier Concours international de ski à Montgenèvre (1907)

En 1907, sous l’impulsion de l’Etat Major militaire français, la section locale du Club Alpin Français décide d’organiser le premier concours international de ski à Montgenèvre. Ainsi, dans le n°2 de la revue du CAF, La Montagne, il expose que « c’est maintenant dans la population civile qu’elle [l’armée] cherche à répandre le ski. Le CAF s’est assigné le même but : améliorer la défense nationale en même temps que le bien-être de la population alpine et détourner sur nos Alpes le flot des hivernants aisés qui ignorent encore le chemin ». Roger MERLE, auteur de l’ouvrage Histoire du ski dans le Briançonnais, note que pour la première fois, l’argument économique est avancé pour motiver l’expansion du ski.

Le projet naît donc dans les bureaux parisiens du C.A.F, qui choisit le Col du Lautaret, et la date des 11 et 12 février 1907. Le sénateur Vagnat, président de la section briançonnaise, milite en faveur du Montgenèvre, plus proche de Briançon et moins sujet aux intempéries. Le sort en est jeté.

A cette période, Montgenèvre n’est alors qu’un petit village, comprenant un hôtel, dirigé par M. JOUVE, possédant douze lits.

Extrait du site de la commune de Montgenèvre

Le développement des activités du CAF

C’est après le premier concours international de ski à Montgenèvre, que le Club Alpin Français reçoit le pouvoir confédératif et règlementaire du ski. De nombreux groupes de skieurs se rapprochent alors du CAF en tant que sociétés affiliées, ce qui augmente son rayonnement et participe à l’essor du ski en France. Cette course, organisée à Chamonix du 2 au 7 février 1912 est la sixième édition du concours international de ski organisé par le CAF.

Il engage alors un programme de concours annuels sur les différentes stations de montagne : Chamonix (1908), Morez (1909), Cauterets (1910), Le Lioran (1911), Chamonix (1912), Gérardmer (1913) et Chamonix (1914). On assiste ainsi à un tour de France des massifs montagneux dans des manifestations qui offrent des épreuves spécifiquement nationales et des épreuves internationales ouvertes aux skieurs étrangers.

Parallèlement, le Club alpin français prend conscience de la nécessité de coordonner et de contrôler le ski. À partir de janvier 1909, il débute une large politique d’affiliation des Ski Clubs, considérant que le moment est venu de grouper tous les efforts et d’apporter aux petites sociétés qui se multiplient « la bienfaisance de son action générale« .

Il se présente désormais comme un relais éducatif actif au service de la République mettant en œuvre ce que les dirigeants nomment joliment : « Un joug fait de devoir pour le Club alpin français et de droits pour ces pupilles« . L’argumentaire renvoie à l’objectif d’assurer une plus grande cohésion sociale et repose sur l’idée « qu’en faisant faire du ski à la jeunesse, vous ferez de braves et vaillants citoyens« .

Ces idées rejoignent certaines perspectives politiques du radicalisme qui animent nombre de dirigeants selon lesquels les principes du « solidarisme » doivent s’appliquer dans le domaine des sports d’hiver. Inspirée par Léon Bourgeois, cette doctrine accorde un rôle capital à l’éducation qui crée en chacun l’être social, c’est-à-dire un associé de la société humaine. Le citoyen est à l’égard de la communauté française assimilable à un débiteur. En raison de cette dette sociale, il n’est plus l’être absolument libre du système politique établi. Sur les terrains de neige, comme sur d’autres terrains, l’association est le remède.

Extrait de l’article de Yves MORALES – Les concours de ski au début du xxème siècle sous l’angle de la nationalisation culturelle – Open édition book

Les premiers jeux olympiques d'hiver à Chamonix (1924)

Le 25 janvier 1924, un soleil radieux illumine la vallée, lorsque Gaston Vidal, Sous-Secrétaire d’Etat, déclame solennellement les paroles sacramentelles : « Je proclame l’ouverture des Jeux d’Hiver de Chamonix données à l’occasion de la ViIIe Olympiade« 

Les drapeaux claquent dans le vent du stade et la parade commence, par ordre alphabétique des 16 nations représentées : en tête l’Autriche avec seulement des patineurs (« le ski alpin était une lointaine inconnue »), puis la Belgique avec ses hockeyeurs, le Canada, l’Estonie, les Etats-Unis, la Finlande, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Lettonie, la Norvège, la Pologne, la Suède, la Suisse, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. 

Les disciplines sont le hockey sur glace, le patinage de vitesse, le patinage artistique, le curling, le bobsleigh et bien sûr le ski, lequel ne regroupait que les disciplines nordiques masculines (ski de fond, saut à ski, combiné nordique et le ski militaire (ancêtre du biathlon).

Jusqu’au 5 février 1924, 260 participants (13 femmes et 247 hommes) allaient vivre une aventure de pionniers, applaudis par près de 10 000 spectateurs.

Extrait du site officiel de la ville de Chamonix

La Semaine internationale de Chamonix représente un formidable succès pour les sports d’hiver et pour leur reconnaissance internationale. Les nations nordiques, qui ont brillé de mille feux pendant la compétition, y remportant de nombreuses médailles, n’ont plus de raison de se ranger contre la création de ces Jeux d’hiver. C’est pourquoi le CIO décide, à l’occasion de son Congrès de mai 1925 à Prague, de créer une édition distincte des Jeux olympiques d’hiver, ouvrant dès lors un cycle de quatre ans comportant chaque fois les deux éditions olympiques.

Ce n’est toutefois qu’en 1926 que la Semaine internationale des sports d’hiver de 1924 à Chamonix est baptisée, rétroactivement, premiers Jeux olympiques d’hiver.

C’est à l’issue de cette manifestation que sont créées La Fédération Internationale de Ski (FIS) et la Fédération Française de Ski (FFS).

Les exploits de l'équipe de France de ski (1933 - 1938)

L'équipe de France (hiver 1933/1934)

Article du Lyon républicain du 7 mars 1934 (Rétronews)
Article de La Journée Industrielle du 20 janvier 1934 (Rétronews)

Paul GIGNOUX, fils d’industriel lyonnais, fait partie du groupe skieur de Lyon et de l’équipe de France dont le capitaine est Etienne BUNEAU VARILLA. Les autres membres sont Émile ALLAIS (Megève), André JAMET (Grenoble, qui fondera une usine de matériel de sport et loisirs), François VIGNOLE (Bègles), les frères jumeaux René et Maurice LAFORGUE (Luchon).

Les équipes de France et les moniteurs diplômés (hiver 1934/1935)

Article du Petit Provençal du 8 janvier 1935 (Rétronews)
Article du Quotidien du 15 janvier 1935 (Rétronews)
Le Mémorial de la Loire et Haute Loire du 24 janvier 1935 (Rétronews)

Les mousquetaires du ski (hiver 1935/1936)

Les Jeux olympiques d’hiver de 1936 ont lieu à Garmisch-Partenkirchen en Allemagne du 6 au .

Après leur accession au pouvoir en 1933, le chancelier Adolf Hitler et le Parti nazi décident d’utiliser les Jeux olympiques comme outil de propagande à la gloire du Troisième Reich et pour montrer la grandeur de la nation allemande. Il s’agit d’une « répétition générale » avant les Jeux d’été. Des fonds sont débloqués pour organiser les Jeux d’hiver « les plus grandioses de l’histoire ».

Émile Allais décrochera la médaille de bronze à ces Jeux Olympiques.

Article de Marianne du 20 novembre 1935 (Rétronews)
Photo du journal Le Jour du 7 février 1936 (Rétronews)

Un grand champion Émile ALLAIS (hiver 1936/1937)

Au Championnat du monde du 13 février au 15 février 1937,organisé par la FIS, Émile ALLAIS obtient 3 fois la médaille d’or : en descente, en slalom et en combiné. Paul GIGNOUX est le capitaine de l’équipe de France. 

Créée en 1928, l’Arlberg Kandahar a été la première compétition alpine internationale à combiner descente et slalom. Emile ALLAIS, cette année 1937, se classe en tête du combiné de la descente et du slalom de cette compétition.

En pleine gloire, Émile ALLAIS se marie le 29 mai 1937 à Paris 16ème.

Article du journal Le Jour du 11 novembre 1936 (Rétronews)
Le Journal du 13 décembre 1936 (Rétronews)
Photo du journal Le Mémorial de la Loire et de la Haute Loire du 17 février 1937 (Rétronews)
Photo du Figaro du 17 novembre 1937 (Rétronews)
Article du journal Le Figaro du 9 mars 1937 (Rétronews)
L'intransigeant du 29 mai 1937 (Rétronews)
Le Figaro du 29 mai 1937 (Rétronews)

Le ski français, un sport populaire... (Hiver 1937/1938)

Paul GIGNOUX et Émile ALLAIS publie une méthode de descente en ski : le « christiana pur ». Le sous secrétaire aux sports et au loisirs dans le gouvernement du front populaire promeut les sports d’hiver. L’enthousiasme pour le Ski français est né !

Ci-dessous le livre écrit par Émile ALLAIS et Paul GIGNOUX :

« Ski français » Édition ARTHAUD Grenoble 1937 par Internet Archives

Marianne du 22 décembre 1937 (Rétronews)
Marianne du 22 décembre 1937 (Rétronews)
Marianne du 22 décembre 1937 (Rétronews)
Le Temps du 23 septembre 1938 (Rétronews)
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