Cet été 2019, à l’occasion d’un séjour près de Briançon, j’ai passé la frontière Italienne pour aller dans les deux vallées Piémontaises de nos ancêtres Vaudois (ne pas confondre avec les habitants du canton de Vaud, ni avec les vaudoux !).
Ce courant religieux fut créé à Lyon vers 1170 par Pierre VALDES, un riche marchand qui abandonna sa fortune pour prêcher le retour à la pauvreté du christianisme originel et à une religion « épurée ». Ainsi, pas d’autel ni d’images dans les églises vaudoises. Mais une sobriété rigoureuse qui tranche avec les débauches de couleurs, de symboles et de richesse des églises catholiques. Cette doctrine conquit rapidement nombre de fidèles, au grand déplaisir de l’église catholique qui les persécuta. Ils se dispersèrent alors partout en Europe notamment dans les vallées piémontaises et dauphinoises où ils vécurent reclus et pratiquèrent leur culte dans la clandestinité jusqu’à la Réforme Protestante au début du XVI siècle. Réprimés par les armées franco-savoyardes, contraints à l’exil en 1686, ils rentrèrent sur leurs terres trois ans plus tard, à la suite d’une expédition connue sous le nom de la Glorieuse Rentrée. Ils furent ainsi pourchassés et ghettoïsés jusqu’en 1848, quand le souverain Charles Albert leur accorda les droits civils et politiques qu’ils n’avaient pas et dont ils se servirent pour évangéliser l’Italie. Actuellement, ils font partie de la Fédération des Eglises Evangéliques d’Italie.
Après le col du Mont Genèvre je prends la direction de Pinerolo. On traverse Sestrière puis à Perosa Argentina, à droite, au bout d’une vingtaine de kilomètres on arrive à Prali au fond de l’étroite vallée de la Germanasca. A mi-chemin nous avons traversé une carrière de talc encore en exploitation et qui se visite.
Cette haute vallée italienne faisait partie du Dauphiné au 14èmesiècle. Depuis le 13èmesiècle le Valdéisme contraint de quitter les agglomérations urbaines s’établissait dans les zones rurales. Paroisse vaudoise de 1800 à nos jours, PRALI (festa della patata le 22 septembre) est plus connue aujourd’hui pour être une station de montagne et de ski (altitude 1500m). Nous visitons le village où nous découvrons le musée Vaudois de Prali et du val Germanasca dans un des temples les plus anciens (1556), le seul à ne pas avoir été détruit lors des guerres de religion du 17èmesiècle. Plus loin s’élève un autre temple moderne édifié dans les années 60, une bibliothèque dédiée au valdéisme doit ouvrir ses portes le samedi suivant. Une italienne parlant très bien le français nous conseille d’aller faire nos recherches à Torre Pellice situé dans la proche vallée parallèle. Nous ne quittons pas PRALI sans visiter son ancien cimetière et même celui d’un hameau voisin Villa Prali. Aucune trace d’un quelconque GINOUX sur les tombes.
Nous retournons donc à Perosa Argentina pour aller plus au sud prendre l’autre vallée, la vallée Pellice. Le charmant village (bonnes glaces pas chères) de Torre Pellice se situe au début de la vallée, il est considéré comme la capitale italienne de l’église vaudoise. Au cœur du village, une libraire italienne nous indique où se trouve l’important centre Vaudois. A trois cent mètres de là nous découvrons les bâtiments : un Temple, un lycée européen « Collègio Valdese », une maison de vacances « Foresteria Valdese et un bâtiment fondation « Centre Culturel Vaudois » constitué d’un Musée, d’une Bibliothèque, d’Archives et Collections. La rue se nomme via Charles Beckwith, un général anglais ayant joué un rôle important dans l’histoire vaudoise.
Nous rentrons dans la fondation pour consulter les archives. Très aimablement le responsable s’enquiert de notre visite. Rapidement il consulte un ouvrage où tous les noms vaudois sont répertoriés. En français, il nous informe qu’effectivement les noms GINOUS, JINOUS, GIGNOUS sont bien répertoriés. Sans qu’on le lui demande, il nous explique que les noms patronymiques proviennent généralement d‘un métier exercé, d’une qualité, d’une particularité physique ou mentale, etc… et que GINOUS désignait une personne « ingénieuse » (un bonheur m’envahit !!!). Il nous précise aussi qu’à sa connaissance ce nom a disparu complètement dans les vallées. Il nous communique l’adresse mail des archives de TURIN (as-to@beniculturali.it) et l’adresse d’un site (waldensian.info puisnotary records) qui nous permettrait de pousser nos recherches. Il nous précise aussi qu’à BOBBIO PELLICE il y avait un prêtre qui avait gardé des archives religieuses pouvant permettre des recherches et nous invite à y aller sans toutefois nous donner une adresse. Il était malheureusement trop tard dans l’après-midi pour s’y rendre.
Peut-être l’année prochaine pour une suite.
Bien à vous,
Robert