Table des matières
Préambule
Nous allons tenter de :
- lister les fugitifs de La Roque d’Anthéron à partir des aides financières apportées par les communautés suisses,
- les comparer avec la liste de ceux qui ont abjuré le 21 octobre 1685 à Silvacane,
- les suivre dans leur exode à partir des registres pastoraux des communes qui les ont aidés,
- les rattacher à un arbre généalogique familial des relevés notariaux concernant les contrats de mariage et les testaments, ainsi que des registres pastoraux concernant les baptêmes tout en remontant à la naissance du village de La Roque d’Anthéron.
Ce travail se déroulera dans le temps et sera complété au fur et à mesure du résultat des recherches à l’aide d’autres sources. Les ajouts et modifications seront signalés dans les actualités.
Dans un premier temps, nous décrirons l’itinéraire suivi par ces familles depuis leur arrivée en Suisse.
Le contexte
La plupart des rocassiers de confession vaudoise ont abjuré de force en 1685 dans l’église de l’abbaye de Silvacane. Certain de ceux là et d’autres, refusant l’abjuration, décident de partir en exil. Faire ce choix est très douloureux, notamment de la part d’agriculteurs. C’est quitter sa terre, ses biens et le reste de sa famille. Placé dans une situation extrême, on ne fait un tel choix que poussé par la certitude de ne pouvoir faire autrement.
L'itinéraire des familles de fugitifs au Refuge
Les familles BARRET
- BARRET Louis (fils d’André), laboureur ; en juillet août 1687, il va directement à Lausanne (par quel itinéraire ?), puis Morges et Genève. Il est aidé le 5 octobre 1687 à Neuchâtel, puis à Schaffhouse le 14 octobre, enfin à Francfort sur le Main le 31 octobre, en route pour les Pays Bas. Il est passager d’un navire en partance pour Le Cap en Afrique du Sud. Il crée le Domaine viticole de La Motte à Franschhoek.
- BARRET André, laboureur, père de Louis est aidé à Schaffhouse le 2 octobre 1687, puis à Francfort sur le Main le 12 octobre 1687. Il semble qu’il décède entre cette dernière date et le 31 octobre 1687.
- BARRET Jean décédé, c’est sa veuve, ROUX Françoise (contrat de mariage le 26 avril 1666) et ses deux enfants qui est aidée à Genève le 20 septembre 1687, puis le 9 octobre à Schaffhouse et à Francfort sur le Main le 27 octobre.
- BARRET Jean, laboureur, sa femme Isabeau BOUCHARD, leurs deux enfants et Catherine BARRET, soeur de Jean, sont aidés à Genève en septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre 1687 et à Francfort sur la Main le 29 octobre. Il semble qu’ils résident toujours dans la même ville ou sont revenus dans celle-ci le 22 mars 1688, puis encore le 26, étant dans un sale état et ne sachant où aller. de plus, ils ont perdu un enfant. Ils veulent se rendre en première intention à Bayreuth (Allemagne) puis à Amsterdam (Pays Bas).
- BARRET Jean, bouilleur de cru, sa femme PALENC Anne, un enfant et PALENC Isabeau, la soeur de sa femme passent par Lausanne, puis sont aidés à Schaffhouse le 9 octobre 1687 et enfin à Francfort sur le Main le 28 octobre. Ils sont le 31 décembre 1699 à Brandebourg en Prusse. BARRET Jean décède le 8 janvier 1725 à l’âge de 40 ans.
- MEILLE Mathieu, laboureur, sa femme BARRET Marthe (contrat de mariage le 13 juin 1660) et 5 enfants avaient abjuré à Silvacane en 1685. Ils sont aidés à Genève le 23 septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre puis à Francfort sur le Main le 27 octobre, une nouvelle fois dans cette ville le 7 novembre lui ayant la fièvre et déclarant se rendre en Hollande.
la famille CRESPIN
- CRESPIN Jacques, tisserand, sa femme et 3 filles sont aidés à Schaffhouse le 9 octobre 1687. Ils sont de nouveau aidés au même endroit le 16 avril 1688, puis à Francfort sur le Main le 13 juillet 1688 où Jacques est malade.
La famille FALIN
FALIN André, sa femme et leurs 4 enfants sont secourus à Genève le 24 septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre ainsi que FALIN Pierre.
La fratrie FRANC
- Enfants de Pierre FRANC et de Anne ROUET, Catherine et Laurent FRANC sont aidés à Genève le 23 septembre 1687, ils passent par Zurich le 10 octobre pour être aidés à Schaffhouse le 11 octobre et deux fois à Francfort sur la Main le 27 octobre et le 8 novembre 1687.
la famille MEILLE
- MEILLE Mathieu, laboureur, sa femme BARRET Marthe (contrat de mariage le 13 juin 1660) et 5 enfants (voir ci-dessus à BARRET) avaient abjuré à Silvacane en 1685. Ils sont aidés à Genève le 23 septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre puis à Francfort sur le Main le 27 octobre, une nouvelle fois dans cette ville le 7 novembre lui ayant la fièvre et déclarant se rendre en Hollande.
Les militaires
- PASCAL Philippe sergent du régiment de Navarrea déserté avec 10 camarades pendant la construction du fort de Hunningen. Le groupe est passé par Bâle. Il est aidé à Francfort sur le Main le 24 janvier 1686 et se dirige dans le Brandebourg.
- ROY André, militaire soldat est passé par Zurich. Il est aidé à Francfort sur le Main le 24 janvier 1687. Il fait partie d’un groupe composé d’homme de toutes professions et de différentes origines. Ce groupe se dirige vers la Hollande.
La famille PASSET
- PASSET Jean, laboureur, et sa femme RICHARD Anne (contrat de mariage le 9 septembre 1687) jeunes mariés sont aidés à Genève le 24 septembre 1687, puis à Lausanne le 27 septembre, à Schaffhouse le 9 octobre et à Francfort sur le Main le 28 octobre en souhaitant se rendre en Hollande.
La fratrie PHILIP
- PHILIP Jean, François, Pierre, Marie et les tout jeune mariés, André avec sa femme REY Marthe (contrat de mariage le 10 février 1687) sont passés par Genève le 3 septembre 1687, ils sont aidés le 9 octobre 1687 à Schaffhouse puis à Francfort sur le Main, le 27 octobre. Ils déclarent se rendre en Hollande. Les 5 frères et soeur sont les enfants de Jean PHILIP et Isabeau BARRET de La Roque d’Anthéron.
Les familles REY (REYNE pour les femmes)
- REY Isabeau est secourue à Genève le 24 septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre.
- REY Etienne, laboureur, fils de feu Jean passe par Genève en septembre 1687. Il est secouru à Schaffhouse le 9 octobre, à Francfort sur le Main le 27 octobre. Il déclare se rendre en Hollande. Il est accompagné de sa cousine PALENC Honorade et de ROUSSIER Jacques.
- REY Suzanne Marthe et Marie, probablement 3 soeurs sont secourues à Genève le 8 octobre 1687, puis à Neuchâtel le 18 octobre, à Schaffhouse.
- REY Marthe femme de PHILIP André (voir ci-dessus).
- REY Catherine a été secourue à Schaffhouse le 2 octobre 1687.
La fratrie REYBAUD
- Les 3 frères REYBAUD, Jean, Jacques et André, fils de feu Marc et leur mère FERRAND Antoinette sont secourus à Schaffhouse le 9 octobre 1687, puis à Francfort sur le Main le 28 octobre. Il déclare se rendre en Hollande.
La famille ROUX
- ROUX André et sa femme FRIAND Madeleine (contrat de mariage du 11 octobre 1665) et leurs 3 enfants sont aidés à Genève le 24 septembre 1687, puis à Schaffhouse le 9 octobre et à Francfort sur le Main le 27 octobre et déclarent se rendre en Hollande.
- ROUX Françoise, veuve de Jean BARRET (voir ci-dessus) et ses deux enfants voyagent avec la famille de ROUX André, son frère. Les frère et soeur ROUX sont les enfants de Jean ROUX (tisseur à toile) et Madeleine PHILIP de La Roque d’Anthéron.
La fratrie VERDOT
- VERDOT Hercule et Jacques, deux frères aidés à Schaffhouse le 9 octobre 1687, puis à Francfort sur le Main le 27 octobre sont passés par Genève le 3 septembre 1687, ils sont aidés à Schaffhouse le 9 octobre, puis à Francfort sur le Main le 27 octobre. Ils sont en Hollande où ils embarquent sur un navire pour l’Afrique du Sud. VERDOT Hercule créera le Domaine viticole « Champagne » à Franschhoek.
Les sources
- La base de donnée du Refuge huguenot
- Les protestants de La Roque d’Anthéron de la Révocation à la Révolution : un siècle de résistance (1685-1790) par Céline BORELLO – Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français – Tome 142, juillet-août-septembre 1996.
- Liste des exilés passagers de navires pour l’Afrique du sud document édité dans La Valmasque n°97 (mars 2015) par l’Association d’Études Vaudoises et Historiques du Luberon (AEVHL), dont le siège est à Mérindol (Vaucluse).