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Christophe Joseph MATHIEU de DOMBASLE et Françoise Julie HUYN
Christophe Joseph Alexandre MATHIEU de DOMBASLE est né le 26 février 1777 à Nancy, paroisse de Saint Roch. Il est le fils de Joseph Antoine et de Marie Marthe Charlotte LEFEBVRE de MONTJOYE. La Lorraine est rattachée au Royaume de France depuis 1766. Son père est alors seigneur du vicomté de DOMBASLE, avocat au Parlement de Nancy. À l’âge de 10 ans, il est mis en pension au collège Saint Symphorien des Bénédictins de Metz qui ferme ses portes à la Révolution. Il rentre alors chez ses parents et perd sa mère le 27 décembre 1790. Il a alors 13 ans. Son père, veuf, l’envoie à l’armée du Rhin en tant que comptable. A la chute de Robespierre, en 1794, il rentre chez son père et se met aux études guidé par un précepteur. Puis il suit les cours de l’Université et de l’École centrale de Nancy en sciences et en chimie en particulier. En 1801, la paix entre l’Autriche et la France lui permet de rejoindre Paris où il attrape la petite vérole et une maladie neurologique qui liu occasionne des troubles visuels. De plus, un accident de la circulation (une roue en fer lui écrase la jambe) le rend boiteux. Après tous ces déboires, il devient neurasthénique. Il se lance dans les beaux arts (musique, dessin) et la chasse. Son père lui trouve enfin une compagne, fille d’un de ses amis.
Françoise Julie HUYN est née le 19 octobre 1772 à Nancy. Elle est la fille de Jacques Dominique HUYN, maréchal de camp et de Raymonde Euphrasie GAUTIER de GIGNEVILLE.
Ils se marient le 7 février 1803 à Nancy. Il a 25 ans et elle 30 ans. Leurs enfants nés à Nancy :
- Joseph Antoine Léon MATHIEU de DOMBASLE né le 2 décembre 1803. Devient agronome. Resté célibataire, il décède, à l’âge de 34 ans, dans la commune de son oncle à Port sur Seille (Meurthe et Moselle) le 16 janvier 1838.
- Marie Charlotte MATHIEU de DOMBASLE née le 11 janvier 1805. Elle se marie une première fois le 23 août 1826 à Roville sur Bayon (Meurthe et Moselle) avec Amédée Louis Barthélémy BUSCO de GERMINY. Veuve, elle se remarie le 4 janvier 1837 à Roville devant Bayon avec Charles VAILLANT de MEIXMORON. Elle décède le 21 août 1871 à Nancy.
Françoise Julie HUYN décède, à l’âge de 34 ans, le 6 août 1807 à Villers les Nancy.
Actes d’état civil et religieux de la famille.
Après ce deuil, Christophe Alexandre MATHIEU de DOMBASLE se relance dans ses études en langues (anglais, allemand, italien) , en sciences physiques et naturelles, en chimie et en mécanique. Il publie son premier ouvrage « l’analyse des eaux ». Puis, il découvre la chimie agricole et lit les auteurs anglais et allemands sur les problèmes agricoles. Il s’intéresse aux relations entre l’industrie et l’agriculture.
La production de sucre de betterave
En 1810, en plein blocus continental voulut par Napoléon pour empêcher le commerce des anglais avec le continent, il met toute sa fortune dans la création d’une sucrerie (transformation de la betterave à sucre). Il fonde la sucrerie de Montplaisir à Vandoeuvre, près de Nancy liée à la culture de la betterave sur 100 ha. Ce qui lui permet de se lancer dans l’expérimentation de tout ce qui touche une exploitation agricole, notamment les outils nécessaires à l’agriculture. Le blocus cessant avec la chute de Napoléon, l’usine de sucre doit arrêter son activité en 1815, étant concurrencée par le sucre de canne importé des colonies à moindre frais (voir l’industrie sucrière française).
Invention du "combineur hydropneumatique" pour la distillation de liquides spiritueux
Durant cette période, recherchant, expérimentant de façon incessante, il dépose, en 1817, un brevet sur un appareil propre à la distillation continue des liquides spiritueux qu’il appelle « Combineur hydropneumatique » auquel il rajoute un « rectificateur » dans son souci permanent d’amélioration de ses inventions. Les documents sont tirés du dossier des archives de l’Institut national de la Propriété Industrielle (INPI).
Entre deux entreprises
Il fait une pause dans l’entreprenariat et en profite pour publier de nouvelles brochures sur des sujets d’agriculture : » instructions sur la fabrication des eaux de vie de grains et de pomme de terre. Il traduit de l’anglais, « examen critique des éléments de chimie agricole » de Humphry Davy.
En 1820, la société d’agriculture de Nancy le nomme son président et la société d’agriculture de Paris lui attribue une médaille d’or pour les perfectionnements apportés à la construction de charrues.
Il traduit un texte de l’allemand Thaer « description des nouveaux instruments d’agriculture les plus utiles« . Il publie « Calendrier du bon cultivateur, ou Manuel de l’agriculteur praticien » (1821).
La direction de l'établissement exemplaire de Roville
Un autre membre de la société d’agriculture M. BERTIER (peut-être un parent des demoiselles BERTIER mariées à deux frères de Christophe) propose en un bail de 20 ans le domaine de Roville sur Bayon dont il est propriétaire pour y installer notamment une école d’agriculture. Sous le parrainage du comte Alban de VILLENEUVE BARGEMONT qui administre le département de la Meurthe, la société financière de Roville est fondée pour procurer au département de la Meurthe une ferme modèle et de fournir à un estimable compatriote (MATHIEU de DOMBASLE) de nouvelles occasions de bien mériter de son pays.
L’établissement de Roville a pour mission de faire toutes les expériences qui sembleront de la plus grande importance pour l’amélioration générale de l’agriculture du pays. Il fallait créer :
- une distillerie de pommes de terre afin d’en utiliser les résidus à l’entretien des bestiaux
- une fabrique d’instruments perfectionnés qui seraient vendus à des prix raisonnables
- un institut agricole qui serait destiné aux fils de propriétaires et de cultivateurs.
Invention d'une charrue, la charrue Dombasle
À Roville, il met au point une charrue appelée « charrue Dombasle ». Elle sera complétée, modifiée par nombre de ses élèves. Des brevets d’invention sont déposés jusqu’en 1892, soit 50 ans après son départ de Roville. Ci-dessous plan de la charrue et deux exemplaires de cette charrue au musée agricole et rural de Rillieux la Pape près de Lyon.
À Roville toujours, il met au point, en 1831, un procédé d’extraction du sucre de betterave issu de son expérience précédente. Il nomme l’appareil « procédé de coction, propre à extraire la matière sucrée de la betterave ». Bien entendu, il adapte son procédé jusqu’en 1838 et complète son invention. Les documents sont tirés du dossier des archives de l’Institut national de la Propriété Industrielle (INPI).
Invention d'un procédé de coction pour extraire le sucre de la betterave
Une courte retraite
Après la fin du bail de Roville, Christophe MATHIEU de DOMBASLE se retire à Nancy où il continue à écrire le fruit de ses recherches dans un vaste ouvrage « Le Traité d’Agriculture ». Celui-ci ne sera publié qu’après sa mort par un de ses petits-fils. cet ouvrage apparaitra alors comme un peu désuet.
Il décède le 27 décembre 1843 à Nancy.
Voir « MATHIEU de DOMBASLE, sa vie, ses oeuvres son influence » par L. VILLERMÉ (1864)