Table des matières
De vrais sous-marins déjà en 1800
En 1800, la France construit un sous-marin à propulsion humaine conçu par Robert FULTON, le Nautilus ; il se montre capable d’utiliser des mines pour détruire deux navires de guerre durant ses essais. La France abandonne les essais en 1804, tout comme les Britanniques, qui eux aussi, sont démarchés par FULTON quelque temps après.
Les projets d'évasion de l'île de Sainte Hélène
Le 29 juin 1815, NAPOLÉON quittait Malmaison menacée par l’approche des Prussiens. Le 3 juillet, il était à Rochefort. Que faire ? Où fuir ? Plusieurs projets d’évasion par bateau furent échafaudés. Le plus romanesque était le fait d’un jeune enseigne de vaisseau, Victor BESSON. Au dernier Moment, NAPOLÉON renonça à une fuite et choisit de monter à bord d’un vaisseau de l’ennemi, comptant sur sa magnanimité. BESSON, et son épouse qui l’avaient solidement secondé, en furent très désappointés, pour leurs frais et subirent les tracasseries du nouveau régime. Le marin BESSON vogua ensuite vers d’autres aventures et devint amiral de la flotte du pacha d’Égypte.
Voir l’article sur CAIRN.INFO : « Juillet 1815. Les projets d’évasion de Napoléon et le rôle de Victor Besson » – (Parution initiale : Revue du Souvenir napoléonien, n° 504, juillet-août-septembre 2015, p. 12-23.) de Jacques Jourquin dans Napoleonica. La Revue 2022/3 (N° 44), pages 131 à 152.
Le projet d'évasion à l'aide d'un sous-marin
Les instigateurs, des aventuriers
Barry Edward O'MEARA
Barry O’MEARA occupe une place plutôt curieuse dans l’histoire. Médecin militaire à l’origine, il avait été prié de démissionner après avoir été impliqué dans un duel, mais il réussit à obtenir une nomination dans la marine et fut chirurgien du H.M.S. (Her Majesty’s Ship) Bellerophon lorsque NAPOLÉON y monta à Rochefort le 15 juillet 1815. Pendant la traversée vers l’Angleterre, une amitié naît entre NAPOLÉON et O’MEARA. Lorsque le médecin de l’Empereur refuse de se rendre à Sainte-Hélène, NAPOLÉON demande au Dr O’MEARA de l’accompagner. À Sainte-Hélène, O’MEARA se révèle être un intrigant très rusé. NAPOLÉON le soudoie et c’est par son intermédiaire que la correspondance secrète de l’Empereur est acheminée clandestinement vers l’Europe. Parallèlement, il espionne NAPOLÉON pour le compte du gouverneur LOWE. De plus, à l’insu de NAPOLÉON et de LOWE, O’MEARA rapporte les conversations privées de l’empereur à un ami de l’amirauté britannique qui fait circuler les dépêches au sein du cabinet. Misant sur l’influence que cela lui conférait auprès du gouvernement, O’MEARA bafoua ouvertement l’autorité de Sir HUDSON (gouverneur de l’ile d’Elbe), fut démis de ses fonctions et rentra en Angleterre.
Thomas JOHNSONE
Thomas JOHNSONE, marin et contrebandier, l’un des plus extraordinaires de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, est apparu pour la première fois aux yeux du public lorsqu’en 1798, à l’âge de 26 ans, il a été « appréhendé avec un autre pour obstruction et mauvais usage de certains agents du fisc sur la côte du Sussex ». Ils ont été jetés en prison, d’où ils se sont rapidement évadés « de la manière la plus audacieuse ».
Après moult péripéties, en juillet 1809, lors des préparatifs de l’expédition de Walcheren (île de la province de Zélande aux Pays Bas) qui, espérait-on, écraserait le pouvoir de Napoléon en Hollande (voir le Royaume de Hollande), JOHNSONE est réhabilité dans la Marine et nommé commandant. L’affaire de Walcheren, « mal planifiée et mal conseillée » fut un échec retentissant. Mais Johnsone s’y distingue en nageant dans le port, en tirant une torpille au bout d’une longue corde et en faisant exploser une section des remparts hollandais. En récompense de cet exploit audacieux, il reçoit une pension de 100 livres sterling par an, à condition qu’il « s’abstienne par la suite de ses penchants pour la contrebande ».
En 1814, l’Amirauté britannique chargea JOHNSONE de construire un sous-marin à partir des plans qu’elle avait mis de côté lorsque Robert FULTON les avait présentés en 1804. « Ce vaisseau singulier », comme le décrit la Naval Chronicle, était une version améliorée du Nautilus de FULTON.
Le plan de l'évasion
Le lien entre O’MEARA et JOHNSONE et le sous-marin n’a été établi que par la description du marquis de MONTHOLON de la captivité de NAPOLÉON à Sainte-Hélène, vol. III, p. 141, selon laquelle « cinq ou six mille louis ont été dépensés pour ce projet par un ami d’O’MEARA ». Cette preuve peut sembler bien mince, mais d’après ce que nous savons de Barry O’MEARA, il n’est guère possible qu’il n’ait pas participé activement à l’expédition. L’Amiral anglais PLAMPIN avait eu vent de d’un projet de ce type (voir document ci-dessous).
En 1816, O’MEARA et un ami restant mystérieux proposent à JOHNSONE de libérer NAPOLÉON. JOHNSONE accepte de superviser la construction du sous-marin pour un montant de 40 000 livres sterling, à payer lorsque le navire sera prêt à appareiller. On lui promet également une somme énorme, mais non précisée, pour piloter le navire jusqu’à Sainte-Hélène et, de là, jusqu’à un port américain. Il est indéniable qu’il s’agit là d’une véritable trahison de la part de JOHNSONE. Alors que d’autres contrebandiers étaient livrés à la presse ou laissés en prison pendant des années, il avait été gracié à maintes reprises ; et alors que ceux qui avaient passé leur vie à servir fidèlement la Couronne étaient mis à la retraite avec un salaire dérisoire, JOHNSONE bénéficiait d’une pension égale à celle d’un capitaine de la Royal Navy. Pourtant, il était prêt à trahir son pays pour l’équivalent de 200 000 dollars. Mais peut-être ne devrions-nous pas trop le blâmer : de plus grandes trahisons ont été commises pour moins que cela.
Le sous-marin a été construit en Angleterre, apparemment pour la simple raison que c’était le dernier endroit au monde où les Britanniques s’attendaient à ce qu’un tel complot soit ourdi. La construction secrète du navire a été relativement facile. À l’époque, plusieurs constructeurs navals britanniques, par ailleurs respectables, fabriquaient à tour de bras de petits voiliers équipés de doubles fonds et de fausses cloisons, destinés à la contrebande de thé, de soie, de tabac, d’eau-de-vie française et d’autres produits de contrebande. Si l’on avait dit au constructeur naval concerné que le sous-marin devait être utilisé dans une entreprise de contrebande, aucun murmure n’aurait dépassé les limites du chantier naval.
Tout ce que nous savons sur le sous-marin de JOHNSONE, c’est qu’il mesurait 100 pieds (environ 30 mètres) de long et qu’avant de plonger, son mât et ses voiles étaient rapidement abaissés et rangés dans une fente du pont. Cependant, comme nous savons également que JOHNSONE avait accès aux plans de FULTON, nous pouvons combler les lacunes en disant que, extérieurement, le sous-marin ressemblait à un voilier ordinaire. À l’intérieur de la coque extérieure en bois se trouvait une coque circulaire en laiton, capable de résister à la pression d’une plongée de 60 à 80 pieds. L’espace entre les deux coques servait de ballast, il était immergé au moyen d’une hélice verticale située à l’avant. Sous la surface, il était propulsé à une vitesse d’environ 4 nœuds par une hélice à commande manuelle. Il n’avait pas de périscope qui n’est devenu un équipement standard que plus de 75 ans plus tard. À l’exception des observations que le capitaine faisait en se tenant dans la tour de contrôle pendant un moment et en regardant à travers l’un des nombreux hublots en verre épais, il naviguait à l’aveugle. Sa trajectoire sous la surface était déterminée par le compas et l’estime. Cependant, il n’était pas nécessaire que le navire reste immergé la plupart du temps. Il ne plongeait que pour échapper à la vue d’autres navires, sinon il naviguait à la voile comme un bateau ordinaire. Lorsqu’il devait plonger, ses réservoirs d’air comprimé lui permettaient de fonctionner pendant 12 heures ou plus sans faire surface.
JOHNSONE et O’MEARA ont prévu de faire le voyage de 70 jours vers Sainte-Hélène dans un navire canonnier nommé l’Etna ayant à son bord le sous-marin nommé l’Aigle.. Ce dernier serait mis à l’eau afin d’approcher l’île au crépuscule, de s’immerger et de se rapprocher du rivage afin de récupérer NAPOLÉON avant de le transférer sur le navire d’appui logistique pour le débarquer en Amérique.
Le projet d’évasion n’a pas été exécuté jusqu’à son terme , il aurait malheureusement accosté deux jours après la mort de NAPOLÉON.
Une vidéo sur ce projet d’évasion du média digital francophone Ulyces sur Faceboock
Sources
- U.S. Naval Institute – « They Wanted to Rescue Napoleon » – article de David Whittet Thomson – juin 1943 – vol. 69/6/484
- Revue des Études napoléoniennes du 1er janvier 1932 – Gallica.bnf.fr
- Wikipedia – L’histoire des sous-marins