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L’affaire de l’auberge rouge 1832

Les faits

L’auberge de Peyrebeille est située sur la commune de Lanarce, en Ardèche (commune de la femme de Théodore Camille GINHOUX, Sylvie PAGÈS). Elle se trouve à environ 5 km du bourg, à la limite des communes de Issanlas et Lavillatte, sur la N102, au croisement de la D16, à près de 1200 m d’altitude, sur un plateau balayé par la « burle » (vent du nord).
Elle est plus connue sous le nom de L’Auberge rouge.

Au cours du XIXème siècle, elle fut le lieu d’une affaire criminelle, dite « l’affaire de l’Auberge rouge », qui, en raison du contexte politique de l’époque, prit des proportions incroyables. Ainsi en est-on arrivé à prétendre qu’elle avait été le théâtre d’une cinquantaine de meurtres, de nombreux vols et de méfaits en tout genre. Les tenanciers de l’établissement, les époux Martin et leur valet Jean Rochette, furent condamnés à mort et guillotinés. Toutefois seule la mort d’un client, Jean-Antoine Enjolras, est clairement établie. Par ailleurs son cadavre a été retrouvé dans la campagne environnante et rien ne prouve qu’il ait été tué à l’auberge.

Le procès

Le 18 juin 1833, le procès des « quatre monstres » s’ouvrit aux assises de l’Ardèche, à Privas. Cent-neuf témoins furent appelés à la barre (témoins indirects, relayant essentiellement les rumeurs de l’époque : la femme aubergiste aurait fait manger aux clients pâtés et ragoûts accommodés avec les meilleurs morceaux prélevés sur les cadavres ; certains paysans auraient vu des mains humaines mijoter dans la marmite de la cuisine ; d’autres rapportèrent avoir vu les draps du lit ou les murs tachés de sang ; d’autres encore racontèrent que des fumées nauséabondes s’échappaient fréquemment des cheminées, les aubergistes auraient brûlé le corps de leurs victimes, dont des enfants, dans le four à pain de la cuisine ou en faisant croire qu’ils étaient morts de froid dans la neige sur le plateau) dont 17 à décharge, mais le procès s’enlisa et on pensa même à prononcer l’acquittement des accusés.

L'exécution

Finalement jugés coupables d’un seul meurtre (celui d’Enjolras), de quatre tentatives et de six vols, et acquittés pour tout le reste, le 28 juin, après sept jours d’audience, les époux Martin et leur domestique Jean ROCHETTE furent tous les trois condamnés à mort. Après le rejet de leur pourvoi en cassation, puis de la requête en grâce auprès du roi Louis-Philippe, ils furent ramenés de Privas sur les lieux de leurs méfaits supposés afin d’être guillotinés, dans la cour même de leur auberge, par le bourreau Pierre Roch et son neveu Nicolas.

Le voyage dura un jour et demi. La charrette des condamnés s’arrêta une nuit à Mayre  (peut-être ont-ils été hébergés dans l’auberge tenu par la famille GINHOUX OLLIER, les ancêtres des propriétaires des Autocars GINHOUX ?). L’ambiance le long du trajet était tellement malsaine que les ecclésiastiques accompagnant les condamnés demandèrent à être remplacés. L’exécution eut lieu le , à midi, lorsque l’angélus de Lavillatte sonna. Une foule très importante y assista (on parle de 30 000 personnes).Les corps des trois suppliciés furent inhumés dans le cimetière de Lanarce, où leur tombe a disparu. Dans la nuit du 2 au , les trois têtes furent volées avec l’aide du fossoyeur. Moulées et reproduites sur des photos de l’époque, elles sont conservées au musée Crozatier au Puy-en-Velay.

Actes de décès des trois condamnés

La légende

Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre et provoquer une certaine confusion. En effet, Honoré de Balzac avait publié un roman en 1831 intitulé « l’auberge rouge » qui n’a rien à voir avec l’affaire de Peyrebeille. Des films ont été produits à partir du roman de Balzac. Seul le film d’Autant-Lara, qui au départ devait utiliser le roman de Balzac, a repris l’affaire de Peyrebeille.

50 ans après l’affaire de Peyrebeille, en 1886, un autre crime est jugé par les assises de l’Ardèche à Privas. Un meurtre par empoisonnement a été commis entre autres par une descendante des aubergistes, Rosine PLANCHET à Barnas, un autre village le long de la nationale 102.

Les journaux ont même commémoré le centenaire de l’exécution des aubergistes.

 

 

partie n° 1
Partie n°2
Partie n°3
Article publié le 25 octobre 1933 dans le Mémorial de le Loire et de la Haute Loire (Retronews)

L’Auberge rouge est une comédie policière française réalisé par Claude Autant-Lara, sorti en 1951. Le film est inspiré de l’affaire de l’auberge de Peyrebeille. 

4 thoughts on “L’affaire de l’auberge rouge 1832”

  1. Bonjour à toutes et à tous !
    Un souvenir pour étayer la thèse de l’innocence de ces aubergistes :
    Maman (1894-1977) me racontait à ce sujet que son père lui avait toujours dit que son propre père donc le grand père de maman n’avait jamais cru à la culpabilité des hôteliers.
    Or à l’époque, mon arrière grand père Pierre Soulerin ( °1802 Prunet 07 / +1886 Chassiers 07 ) travaillait, comme géomètre du cadastre de l’Ardèche, à la réalisation de la route passant devant l’auberge : l’actuelle N102 et logeait dans cette auberge.
    Mais , maman rajoutait quand même :  » Peut être ne s’en sont ils pas pris à lui du fait de la régularité de sa présence !  » Et en effet, son absence un matin sur le chantier aurait interpellé.
    Cordialement !

  2. Superbe !
    Reportage et film épatants.
    Du grand art, du très grand cinéma à la Française.
    BRAVO à Claude Autant-Lara et à Fernandel, sublime dans ce film.

    et un grand merci pour cet article excellent.
    Jean-Noël

  3. Mes ancêtres vivaient à Mayres, ils ont pu être émus par cette affaire qui a dû faire l’objet de bien des conversations. Cet article m’apprend des détails intéressants, notamment que les présumés coupables se sont arrêtés dans le village; j’imagine l’ébullition dans le pays, où ils étaient sans doute connus.

  4. Bonjour,
    Merci de remettre « l’auberge de Peyrebeille » au gôut du jour; c’est une histoire qui me tient vraiment à coeur.
    Concernant Enjolras, son cadavre fut retrouvé pas loin de Langogne, au bord de l’Allier, au lieu-dit « Ronc Courbier » (à peu près en face de l’actuel stand de tir) Les aubergistes furent vus pendant le transport du corps par ???? (il faudrait que je recherche le nom dans ma documentation, peut-être André Peyre?)
    Quant aux moulages des têtes des guillotinés, je savais qu’ils étaient au Puy en Velay MAIS au archives de l’Ardèche, grâce au bon vouloir et à la gentillesse d’un employé de ce service (que je remercie) j’ai pu les voir, sur ma table de travail. Ce fut… impressionnant!
    Pour info, une « guéguerre » eut lieu, quelques années après, pour savoir laquelle des… DEUX auberges était la vraie. Je peux communiquer à ce sujet.
    Cordialement
    René DELORME

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