Genève dans les années 1600 par Merian, Matthäus (1593-1650). Cartographe – Gallica
Table des matières
Préambule
Nous nous intéresserons à la ville de Genève, lieu de passage d’un bon nombre de personnages cités dans la partie « familles » de ce site, notamment pour des raisons religieuses. Nous nous appuierons sur un ouvrage ancien prêté aimablement par un collectionneur : « Abrégé de l’Histoire de la République de Genève » édité en 1772 à Genève. Nous nous intéresserons à la période 1274 à 1749.
Abrégé de l'Histoire de la République de Genève
Ce livre ne mentionne que des évènements importants aux yeux de l’auteur qui doit-être un habitant de Genève et partisan des responsables genevois. L’histoire de Genève semble alimentée presque uniquement par des guerres avec son voisin le comte de Savoie, par quelques évènements et par des catastrophes (incendies, intempéries, peste, famine…).
Période 1274-1400
- 1274 – Le Pape Grégoire vint à Genève où il fut reçu aux grandes acclamations du peuple et célébra la messe à Saint Pierre.
- 1291 – Humbert, Dauphin de Viennois voulut surprendre Genève secrétement, mais il fut découvert. Il se jetta sur les faubourgs dont il brûla une grande partie et se campa devant la ville pour l’emporter dans un assaut et peu s’en fallu qui ne l’emporta. Les Genevois firent merveilles et le repoussèrent vigoureusement. Par dépit, il s’en alla saccager les châteaux de Thy et de Sala appartenant à l’évêque et y mit garnison.
- 1304 – Amédée II, Comte de Genevois fit bâtir le château de Gaillard à une lieue de Genève.
- 1322 – le 18 mars, il arriva un grand incendie, tout le côté du Lac et la rue de la rivière brula et fut depuis ce temps là appelée la Rôtisserie.
- 1330 – Il se livra une bataille sous le château de Monthoux, entre les Comtes de Genevois et de Savoie, où il resta 2000 hommes sur place, mais le champ de bataille demeura au Comte de Savoie. Les Chanoines de Saint Pierre en profitèrent lors d’un anniversaire pour prier pour les âmes de ceux qui avaient été tués. Cela leur rapporta tous les ans 7 florins à chacun, en marmonnant pour les trépassés.
- 1334 – Le 4 septembre, la ville n’était pas encore bien rétablie depuis le dernier embrasement, qu’il y en eu un autre qui consuma les deux tiers de la ville : tout le cloître avec les maisons des chanoines, la cour de l’évêque, le quartier de la Magdeleine, toute l’église et la paroisse de Saint Germain avec les cloches, les reliques et les ornements de cette église. Il y eu 80 personnes qui y périrent.
- 1342 – La guerre s’alluma de nouveau entre le Comte de Savoie, le Dauphin du Viennois et le Comte du Genevois. Il se livra une bataille près de Chambéry ou les uns et les autres se comportèrent fort bien et le Pape les accorda.
- 1344 – Il y eut une grande famine au Pays.
- 1349 – La peste fit de grands ravages à Genève, car il mourut près de 6 000 personnes.
- 1373 – Il fit un si grand froid que toutes les vignes et les arbres se desséchèrent, à ce froid succéda une famine qui dura 2 ans.
- 1377 – On fortifia la ville en relevant les anciennes murailles qui étaient ruinées ou qui menaçaient ruines et en les flanquant de 22 tours.
Période 1400-1500
- 1407 – La grosse cloche dite la Clémence fut fondue proche du bas de le tour ou elle est montée, par Guerry de MARCLAY le 25 octobre. Il y a lieu de croire que les maisons GALLATIN et MAILLET ont été bâties dans la place où elle fut fondue ; les 4 Syndics en furent les parrains.
- 1418 – Le Pape Martin V arriva à Genève, accompagné de 15 cardinaux et du Duc de Savoie, il s’y arrêta près de 3 mois, il créa 4 cardinaux dans l’église de Saint Pïerre. Après avoir donné la bénédiction au peuple, il se retira, y ayant plusieurs fois célébré la messe.
- 1422 – Jean de BROGNIER qui était natif d’un petit village proche d’Annecy, nommé Brogny où il gardait des pourceaux étant jeune. un Cardinal passant par là trouva le garçon à son gré et fort gentil, de sorte qu’il l’emmena avec lui à Avignon où il le poussa aux études. Avant de partir pour y aller, il vint à Genève pour acheter une paire de souliers à la Taconnerie, c’est la rue où l’on vendait du cuir et des souliers. N’ayant pas assez d’argent pour payer le cordonnier qui fit embarras, lui dit : « allez mon ami vous me le payerez quand vous serez cardinal. ce qui fut une espèce de prophétie, car l’étant devenu, il se souvint de ce cordonnier et le récompensa de la charge de son Maître d’Hôtel. Ce fut ce BROGNIER qui fonda la Chapelle des macchabées joignant Saint Pierre où il destina 5 000 florins d’or pour le service de cette Chapelle et pour y entretenir 13 prêtres.
- 1433 – Il y eut encore un autre incendie qui brûla entièrement l’église de Saint Pierre excepté la tour du côté du lac, et le feu fut si violent qu’il fondit l’horloge et les cloches. L’église et le quartier de la Magdelaine en furent aussi brûlés, le feu ayant commencé par une grange près du lac et un vent du nord l’ayant porté au coeur de la ville.
- 1477 – Après une cherté de vivres pendant laquelle une coupe de blé valait 7 florins, la mortalité emporta 7 000 âmes pendant les deux années qu’elle dura.
Période 1500-1600
1503 – La peste qui continuait à Genève fut accompagnée d’une grande sécheresse qui amena avec elle la cherté des vivres et du blé. Elle fut suivie de la famine, ce qui obligea les gens de la campagne qui n’osaient auparavant approcher de la ville, soit pour y chercher des vivres, soit par dévotion : car ils venaient en procession de tous côtés à Notre Dame de Grâce, pour lui demander la pluie, mais ils n’en obtinrent point. Et la cherté continuant même l’année suivante, la coupe du blé qui ne valait auparavant qu’un florin, valais pour lors 50 sols, de sorte que les pauvres gens étaient contraints de vivre d’herbes et de racines.
Un drôle de larron nommé MORTEL
1504 – Les vols d’un infâme larron appelé MORTEL, qui vivait alors, ont quelque chose de surprenant. Chacun savait qu’il faisait ce métier, et l’on tenait tout bien fermé dans la ville de la peur qu’on avait de lui. La nuit n’arrivait pas plutôt que les maîtres criaient à leurs valets fermez les portes de peur du MORTEL. Toutes les précautions qu’on prenait ne servait à rien. Il entrait partout et toujours plutôt chez ceux qui se défiaient de lui. car il semble qu’il ambitionnait plus la gloire de dérober adroitement que le profit.Puis qu’il ne dérobait que de petites sommes pour faire bonne chère avec ses amis. Soit qu’il y eut adresse ou sortilège, il enchantait les gens de telle manière qu’ils perdaient le parler et le pouvoir de résister. La première chose qu’il faisait en entrant, était d’aller prendre les clefs sous le chevet même du maître de maison quoiqu’il fut bien, éveillé. Il allait ouvrir la dépense et la cave, allumait la chandelle, mettait la nappe sur la table, mangeait et buvait sans que personne le put empêcher.
Le lendemain qu’il avait joué quelques tours, il s’en allait au cabaret avec ses compagnons. Les Hottes le recevaient volontiers sans aucun soupçon de lui, car il ne dérobait pas à ceux qu’il fréquentait. Losqu’il n’avait oas d’argent sur lui pour payer ses hôtes, il leur disait quelques fois d’aller chercher au coin de quelque chambre, qui n’eut pas été ouverte depuis quelque temps où ils y trouvaient leur paiement sans qu’il n’y manqua rien.
On s’étonna comment la Justice ne le punissait pas. Il fut souvent emprisonné. Mais les Syndics n’osaient faire contre les lois et coutumes qu’on avait de ne condamner personne s’il n’avouait lui même. Quand on lui donnait la question, il était plus ferme, plus opiniâtre à nier la vérité qu’un martyr n’aurait été confiant à le confesser. On ne sait si cela venait de ce qu’il ne sentait point les tourments, oun s’il avait assez de force d’esprit pour en mépriser le sentiment. Car il ne faisait non plus d’état d’un coup de corde. Il faisait semblant d’avoir bien souffert et disait : « mettez-moi bas, je dirais la vérité. » Hé bien, disait-il après, que voulez vous que je vous dise ? On l’interrogeait. Lui, au lieu de répondre, répétait les mêmes paroles qu’à l’interrogatoire, puis ajoutait, « donnez-moi encore une estrapade pour l’amour des dames. Il ne mourut pas d’une mort aussi honteuse qu’il méritait, mais d’une mort fort cruelle car il fut atteint su nrudement de la peste qu’il en perdit la parole. Sa mère qui le servait dans la maladie et qui craignait qu’il n’échappa, pour être un jour pendu, le fity mettrev dans la bière et enterrer tout vif.
1511 – On acheva de clore et de fortifier le faux bourg de Saint Gervais. Pour les frais nécessaires on imposa quelque gabelle sur le vin et on taxa les plus aisés par forme de prêt.
Quand le Duc de Savoie joue au Seigneur de Genève
1519 – Le 6 février, l’alliance avec Fribourg fut acceptée par le Conseil général. le Duc de Savoie, irrité de cette alliance, leva une armée de 7 à 8000 hommes et vint à Gaillard, il envoya un Héraut nommé Chablais qui demanda que le Conseil fut assemblé. On le lui accorda. Il avait sur son bras gauche une Cotte d’Armes et une baguette à la main droite. Il entra de cette manière sans se découvrir, ni saluer le Conseil. On lui dit de s’assoir auprès des Syndics et d’exposer sa charge ce qu’il refusa par trois fois. Après quoi, il s’en alla s’assoir, non pas vers les Syndics, mais en une place plus éminente et leurs dit ces paroles :
« ne vous étonnez pas Seigneurs Syndics et Conseil de Genève, si je n’ai pas voulu m’assoir par votre commandement et que je le fais présentement sans que vous m’en priez. En voici la raison. Je suis ici de la part de mon très redouté Prince, Seigneur et Maître et le vôtre, Monsieur le Duc de Savoie, auquel il ne vous appartient pas de lui dire de s’assoir, mais à lui de le faire où bon lui semblera et au dessus de vous comme vôtre Souverain Prince et Seigneur et comme je représente sa personne, je l’ai fait. Ainsi de mon siège, je vous expose ma charge qui est qu’il vous mande et commande que vous lui prépariez son logis dans la maison de Ville avec une telle somptuosité et magnificence qu’il appartient à un Prince de sa sorte. Pareillement que vous lui teniez prêt des vivres pour lui net sa compagnie qui fera 10 000 hommes de pied, sans la cavalerie. Car son intention est d’y loger en cet équipage pour rendre Justice. »
Alors on lui dit de se retirer jusqu’à ce qu’on eut délibéré de la réponse qu’on lui devait donner. Ce qu’il fit et un peu après, il fut rappelé et on lui répondit en ces termes :
« Nous sommes également surpris, seigneur Chablais de ce que vous faites et de ce que vous dites. Quand nous vous avons offert un Siège, vous l’avez refusé et après le refus, vous l’avez pris de vôtre autorité, disant que vous l’avez fait comme représentant la personne de Monsieur de Savoie votre Prince et le Nôtre, ce qui nous est une chose inouïe jusqu’à présent. Qu’il soit votre Prince, nous le pouvons croire, mais le nôtre,, non. Car quoique nous nous tenions humbles serviteurs, nous ne sommes pas ses sujets, ni ses vassaux et n’entendons pas que l’on y prétende. Ainsi, il n’appartient ni à lui, ni à vous qui le représentez, de vous assoir où vous êtes. Pour ce qui est de vos paroles, vous nous demandez logis de sa part dans notre Maison de Ville, non seulement pour lui, mais pour 10 000 hommes de pied, sans la Cavalerie, ajoutant qu’il veut venir ici pour faire justice, nous ne savons ce que cela veut dire. Il n’était pas accoutumé à loger dans l’Hôtel de Ville et encore moins avec une si grande escorte. Si c’est comme vous le dites pour faire justice, il ne faut pas qu’il amène si grande compagnie. Car ce n’est pas lui qui a coutume de de la faire, mais l’Évêque , les Syndics et le Conseil, selon les Franchises que lui-même a jurées. Que s’il y a quelqu’un parmi nous qui mérite punition pour avoir commis quelque crime contre lui ou contre quelqu’un d’autre, nous le faisant savoir, nous lui ferons une si bonne justice qu’il aura sujet d’en être satisfait. Mais d’amener un si grand nombre de gens, nous n’avons pas assez de bonne cuisine pour eux. Néanmoins, s’il lui plait de venir avec son train ordinaire, y eut-il même 500 hommes davantage, il sera le bienvenu comme il l’a été autrefois et pourra choisir tel logis qu’il lui plaira, excepté notre Maison de Ville dont nous ne pouvons pas nous passer et on le traitera du mieux qu’on pourra si l’on ne peut le faire selon son mérite. »
Ce discours achevé, le Héraut dit :
« Messieurs, vous ne voulez donc pas accorder la demande de Monseigneur, ni obéir à son commandement. »
« Non », dirent-ils. Alors il vêtit sa Cotte d’Armes et leur dit de sa part :
« Je vous déclare rebelle à votre Prince, à feu et à sang, et pour marquer cela, je vous jette cette baguette, qui la voudra lever, la lève. »
Disant cela, il la jeta au milieu de la salle et s’en alla. Il n’en fut pas sitôt dehors qu’une douzaine de Gentils hommes bottés et éperonnés qui était venus pour le même sujet, entrèrent dans la Chambre du Conseil et dirent :
« Syndics et Conseil de Genève songez à Monseigneur autrement vous aurez sujet à vous en repentir. »
Ensuite de quoi, ils sortirent et montèrent à cheval.
Les Syndics et le Conseil firent savoir au Peuple ce qui était arrivé dont on fut bien étonné. La plupart néanmoins voyant qu’il fallait être assujettis ou mourir, aimèrent mieux le dernier et résolurent de vendre bien chèrement leur vie. Les Syndics commandèrent de se mettre sous les armes et y contraignirent les Ducaux. Les portes furent fermées, les Chaînes tendues et les sentinelles postées.
Le Duc ayant eut la réponse de son Héraut s’approcha de Genève, venant à Gaillard avec toute son armée qui s’augmenta de ceux du Faucigny et du Chablais. Il fit fermer les passages pour s’assurer que rien entra ni ne sorti de la Ville.
Les Genevois consultèrent le député de Fribourg, s’il devaient donner entrée au Duc ou non. À quoi, il répondit :
« Le Duc votre ennemi est à vos portes avec son armée et son Artillerie et mes Supérieurs, vos amis sont dans le dessin de ne pas souffrir qu’on vous maltraite. Mais je ne sait s’ils viendront assez à temps. »
Sur cela, tout le monde posa les armes, comme si l’on était déjà rendu. Les Syndics avec le Député allèrent le lendemain matin à Gaillard vers le Duc et accordèrent qu’il entra dans Genève avec son train et 500 hommes pour la Garde, promettant de n’y faire aucun dommage ni en général, ni en particulier. Ce qui étant conclu, toutes les portes furent ouvertes et les Chaînes détendues. Le Duc donnant à entendre qu’il n’y ferait entrer que les 500 hommes et qu’il ne ferait point grand séjour. Mais le Comte, son frère entra le premier par la Porte Saint Antoine, armé de toutes pièces, sur un beau cheval et après lui beaucoup d’infanterie avec laquelle, il fit abattre la Porte afin que le Duc passa par dessus, comme en triomphe. Le Duc entra tout armé, hormis la tête, son page Jacques de Watteville, qui fut depuis avoyer de Berne, portant devant lui son casque.
Le Duc étant donc rentré à Genève y fit loger non seulement ceux qu’on lui avaient accordé, mais encore le reste de son armée. Le comte de Genevois logea à la Maison de la Ville et à 2 heures du matin envoya quérir les Syndics, leur demandant les clés des Portes, des Boulevards, de l’Artillerie et des Munitions. Dans cette consternation, on ne lui refusa rien. Il les envoya au logis de son frère. Il répartit les logis de cette manière :
- Montrottier avec la compagnie de Faucigny à Saint Gervais
- Ceux du Pays de Vaud à Saint Léger jusqu’à Notre Dame de Grace,
- La troupe de Monsieur de Coudrée qui était du Chablais, depuis Notre Dame du Pont jusqu’au Molard
- Ceux de Savoie et de Genevois au Bourg du Four
- La Noblesse depuis le Molard jusqu’à Rive.
Ces soldats mal disciplinés faisaient mille insolences dans la ville. Il ne se contentaient pas de boire du vin sans payer, ils le laissaient verser dans la cave, jetaient la plume des lits au vent. Et avec tout cela ils n’étaient que poltrons. Pour les éprouver, le Comte fit donner une fausse alarme qui fit cacher cette cette canaille ça et là. Montrottier fit lever les cadenas des chaînes et les fit porter au logis du Duc qui pour comble de mortification aux Bourgeois, fit crier par les carrefours le lendemain de son entrée :
« On vous fait savoir de la part de notre très redouté Prince et seigneur, Monsieur le Duc de Savoie, que personne ne soit si osé, ni si hardi, sous peine de 3 coups d’estrapade , de porter aucune arme offensive ni défensive. Egalement que quoi qu’il arrive nul n’est à paraitre à la rue, ni mettre la tête aux fenêtres parce que Monseigneur veut faire justice.
Ceux qui n’étaient pas dans ses bonnes grâces se tenaient cachés. Quelques uns voulurent faire les mauvais et porter des épées contre cette défense, mais on leur fit sentir la corde et il n’y avait autre remède que la patience. Les Députés de Genève pressaient en même temps Messieurs de Fribourg de leur donner secours. Ils leur accordèrent un Enseigne, ce qui était très peu pour une conjoncture semblable. Mais tous les plus braves de la jeunesse de Fribourg s’étaient rangés sous cette Enseigne et étant partis, leur nombre s’augmenta partout où ils passèrent, même de quelques sujet du Duc. De sorte qu’ils se trouvèrent bientôt 6 à 7000 hommes. Ils firent d’autres Enseignes, s’avançant toujours vers Genève. Etant arrivés au Pays de Vaud, ils se saisirent du gouverneur, le Sieur de Lulin et étant avertis que le Duc était dans Genève, ils lui dirent que si on faisait quelque outrage à leurs Combourgeois , ils lui en feraient autant et l’emmenèrent avec eux. Ils entrèrent sans résistance dans Morges dont les habitants avaient fuit et avaient traversé le lac. Ils se campèrent là et Lulin ne manqua pas d’avertir son Son Altesse de ce qui se passait.
Le Duc, jugeant qu’il devait changer de ton, fit publier qu’on ne maltraita aucun de Genève, ni en sa personne, ni en ses biens sous peine de la vie et envoya de Maglian, Capitaine de Cavalerie, pour garder le passage de Nyon. Il fit venir le Député de Fribourg et lui dit :
« Monsieur le Député, je vous prie d’apaiser les choses, vous voyez bien que je n’ai fait déplaisir à personne et je vous donne parole de n’en point faire encore par ci-après. Allez vous en avec mes Députés au Camp de vos gens et faites qu’ils s’en retournent. »
Le Député qui se souvenait de la manière qu’il l’avait reçu à Gaillard, lui répondit :
« Monsieur, croyez-vous qu’un tel homme que moi puisse faire cela ? et continuant en son patois de Fribourg « Hé Monsignou vo volly que j’allon vers nôtrou Seigneu et Superieu li porta de parole per vo, manda li de voutre gen qui porton voutre Jangle (c’est à dire vos bourdes) car de mè ne leu porterai pas : vo m’avi preu promet de chute, et à mé et à mou Superieu, et n’en avi ren tenu ; assi pou tendri vo cetta hice. »
Enfin, il lui refusa. Le Duc voyant cela, le laissa. Il y envoya néanmoins les Députés qui étant arrivés à peu d’heures à Morges demandèrent aux Capitaines :
« Pourquoi ils étaient venus en armes dans le pays du Duc ? »
A quoi ils firent réponse par une semblable demande :
« Pourquoi il était entré armé dans Genève leur alliée ? »
Le Duc, apprenant cela, donna charge à ses Députés d’aller trouver les autres Cantons pour les prier de dépêcher ceux de Fribourg et les faire retirer. Enfin, après des Conférences, l’armée du Duc se retira de Genève et les Fribourgeois du Pays de Vaud.
Berne devient protestante
1528 – Les Bernois après plusieurs prédications et disputes bannirent de leur ville la religion catholique et embrassèrent la protestante. Zuingle et Oecolampade la prêchaient dans la Suisse, Berthold Haller à Berne, pendant que Luther le faisait en Allemagne. Ceux de Berne voulurent obliger certains villages, que ceux de Fribourg prétendaient leur appartenir, à recevoir la même doctrine. cela causa du bruit entre ces deux villes qui demandèrent l’une et l’autre secours à Genève. De peur de déplaire à l’une en complaisant à l’autre elle envoya à chacune un capitaine et une compagnie de 150 arquebusiers. Jean PHILIPPE commandait celle qui était destinée à Berne. RICHARDET alla à Fribourg. On remarqua que ces deux compagnies commencèrent à se harceler et se battre à Genève. Mais Dieu voulut que le différent des deux villes fut apaisé et le secour renvoyé.
1530. La Peste ravagea Genève, il y eut un nommé Michel CADDOZ, et plusieurs autres, ayant été convaincus d’avoir par méchanceté et pour hériter des biens, « empestiféré » des linges et les avoir portés dans les endroits les plus passagers. Ils furent tenaillés, décapités, et écartelés et immédiatement après la peste cessa.