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Edmond GINOUX de LACOCHE

Au musée des Explorations du Monde à Cannes (06) vous pouvez découvrir les collections d'objets d'Edmond de GINOUX de LACOCHE

Une exposition SI TAHITI M’ÉTAIT CONTÉE s’est déroulée du 9 juillet au 13 novembre 2022.

Ginoux, journaliste et voyageur en Polynésie au XIXe siècle

La Polynésie est à l’honneur au Musée des explorations du monde grâce à la collection qu’Edmond de Ginoux de La Coche a rapportée du Pacifique dans les années 1840. L’exposition propose de se familiariser avec la personnalité et le parcours atypique de Ginoux, à une époque charnière pour cette région du monde. Elle invite également à découvrir les petites histoires cachées derrière les objets tahitiens et marquisiens, témoins des relations privilégiées entretenues par Ginoux avec les Polynésiens. Les dessins d’Adèle de Dombasle, compagne de Ginoux lors de son second périple en Océanie et en Amérique, viennent compléter ce carnet de voyage.

Deux ouvrages édités par le musée :

Cliquer sur l'image pour se rendre au Musée des Explorations du Monde à Cannes

L'enfance d'Edmond

Edmond de GINOUX est né le 29 juin 1811 à Annecy (voir son acte de naissance). Son père, Hippolyte GINOUX, fonctionnaire de l’Enregistrement et des Domaines (Direction du Ministère des finances) est en poste (provisoire) à Annecy. Puis, il est nommé, une nouvelle fois, à Grenoble en 1812.

En 1816, sa mère Maria Grazia BEJUY de LACOCHE hérite de propriétés de son père dans le Var, probablement à Solliès Pont où vivait sa grand-mère paternelle et peut-être au Beausset où ses frères et soeurs sont nés. Elle emmène ses enfants avec elle. Le père Hippolyte César poursuit sa carrière à Grenoble.

Il est nommé à Toulon en 1820. Les enfants sont alors au collège de Toulon.

En 1823, Hippolyte est déjà sur un autre poste. Afin que ses fils suivent les meilleures études possible, il les place au Collège de Forcalquier (Alpes de Haute Provence) dirigé par des jésuites, un des meilleurs collège de France à l’époque.

en 1825, Hippolyte est nommé à Vesoul. Edmond poursuivra ses études au collège de Vesoul.

En 1828, Hippolyte est de retour à Grenoble. Edmond va poursuivre ses études au lycée de Grenoble. Il a donc 18 ans.

Edmond et son service militaire

Edmond essuyant un échec au concours de l’Ecole navale, il a du mal à trouver sa voie.  En 1830, il demande à intégrer l’armée. Il est militaire à Briançon de 1830 à 1832. Puis, au grand désarroi de l’officier qui le commande, il demande à partir comme militaire en Algérie de 1833 à 1835. Il est démobilisé après une épidémie de choléra à laquelle il échappe. Source : « Edmond de GINOUX, Ethnologue en polynésie française dans les années 1840 » de Frédéric de la GRANDVILLE, L’Harmattan

En 1842, Edmond écrit un article sur l’état du soldat en France dans l’Almanach populaire de la France (extrait de l’ouvrage numérisé par Google pour la bibliothèque nationale des Pays Bas).

Edmond le journaliste

Il se retrouve à Bayonne en 1835 où il entre dans le journalisme. il est rédacteur en chef de La Sentinelle des Pyrénées, un journal républicain. Les procureurs du Roi Louis Philippe traque les journaux de l’opposition.

Vers 1838, Edmond se rend à Arras où il va travailler pour le Progrès d’Arras, un autre journal républicain. Là encore, le journal est harcelé par la justice.

En 1839, Edmond est à Paris. Il travaille pour le journal républicain le National. Ce journal est très virulent sur la politique de Louis Philippe. Il se séparera du journal en 1843 pour rejoindre l’Océanie.

Article dans Le Commerce du 7 avril 1840

Edmond le franc-maçon

Lors de son séjour à Arras en tant que journaliste au Progrès d’Arras, il est accueilli par l’ordre du Temple (franc-maçonnerie) et fait Chevalier le 21 février 1840.

Il sera l’un des chevaliers désignés pour porter les insignes de Grand Maître à Sa Majesté Georges IV, roi du Hanovre le 23 juillet 1857.

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France

Edmond le voyageur

Premier voyage jusqu'à Tahiti en 1843

L'Uranie à Tahiti en 1845

Edmond sollicite une mission scientifique en Océanie auprès du Ministre des Affaires étrangères de l’époque. Un rapport au Roi propose d’accorder un passage gratuit à Edmond pour faire des études de géologie, de zoologie et de botanique. Il embarque à Toulon à bord de la frégate l’Uranie avec le nouveau gouverneur de l’Océanie française, Armand Joseph BRUAT et sa jeune épouse. Après une escale aux îles Marquises le 16 septembre 1843, le gouverneur s’installe à Papeete sur l’île de Tahiti. Il confie à Edmond de GINOUX la création du premier journal de l’Océanie française et le nomme procureur du Roi au tribunal civil et au conseil d’appel.

Durant son séjour, Edmond observe les « naturels » (les natifs des îles) de plusieurs districts et constitue le début d’une collection d’objets océaniens conservés encore aujourd’hui au musée municipal de La Castre à Cannes (Alpes Maritimes).

Le Ministre de la Marine et des Colonies, le Baron Ange René Armand de Mackau,  ayant pris ombrage du journal l’Océanie Française suite à la plainte d’un officier anglais, demande au gouverneur l’arrêt de sa parution. Edmond décide alors de rentrer en France via Valparaiso le 22 septembre 1845.

Des écrits de Edmond de GINOUX durant cette période sont restitués par Frédéric de La Grandville  dans le livre « La Polynésie française sous le règne de Louis-Philippe (1836-1846) L’Harmattan 2016. Ces écrits étaient annoncés dans la presse dès 1846, voir ci-dessous.

Article dans Le Constitutionnel du 3 mai 1846
Editorial écrit de la main d'Edmond pour le premier numéro de l'Océanie française

Le journal de l’Océanie française déroule des rubriques variées, chaque semaine :

  • les mouvements des navires dans la rade de Tahiti
  • les comptes rendus des combats (la bataille de Mahahena 1844), échauffourées, révoltes, etc.
  • des sujets ayant traits avec les moeurs, coutumes, traditions des îles de l’Océanie
  • un article sur la pomme de terre
  • des feuilletons comme Lysistrata d’Aristophane, l’épisode de la guerre du Péloponèse
  • les noms des chefs des différents districts de Tahiti et Moorea
  • différentes annonces comme les produits fraîchement arrivés dans les différents magasins de Tahiti.
  • les observations météorologiques
Extrait du journal de l'Océanie française conservé à la Bibliothèque nationale de France (gallica.bnf.fr)
Nomination d'Edmond au titre de procureur du Roi
Extrait de la lettre du Ministre de la Marine et des Colonies reprochant le contenu de certains articles du journal l'Océanie Française
Second feuillet d'une lettre du Ministre de la Marine et des Colonies au Gouverneur BRUAT. Dans le premier paragraphe, le Ministre reproche au Gouverneur d'avoir laissé Edmond de GINOUX être le gérant responsable du journal l'Océanie Française tout en utilisant l'imprimerie du Gouverneur (Edmond avait répondu aux attaques du commandant anglais du ketch Le Basilic). Extrait de la lettre conservée aux archives de la Polynésie française.

Second voyage accompagné par Adèle de DOMBASLE à Tahiti en 1847 et autres péripéties

Edmond est envoyé en mission en Océanie pour la seconde fois. Il est cette fois chargé d’une mission pour prendre des renseignements sur la conduite des consuls de France dans les mers du sud.

Le voyage à bord du Gange et séjour à Valparaiso
Visa attribué à Edmond GINOUX pour Valparaiso sur le navire Le Gange le 6 septembre 1847 à Bordeaux (extrait de https://www.visasenbordelais.fr/ et des archives de la Gironde)
Visa attribué à GARREAU Gabrielle (GARREAU MATHIEU de DOMBASLE Gabrielle Adélaïde, plus simplement Adèle DOMBASLE) pour la même destination que Edmond GINOUX et le même navire "le Gange" à la même date (extrait de https://www.visasenbordelais.fr/ et des archives de la Gironde).

 Il embarque le 7 septembre 1847 à Bordeaux sur « le Gange ». Il embarque sur le même navire qu’Adèle de DOMBASLE, aïeule de Arielle DOMBASLE actrice, chanteuse, réalisatrice, scénariste et meneuse de revue franco-américaine.

Leur voyage à bord du Gange est raconté par un autre passager, émigrant au Chili, qui évoque la présence d’Edmond de GINOUX.

Ils débarquent à Valparaiso (Chili) en janvier 1848, port de destination du navire « le Gange ». Là, Ils apprennent la révolution de février à Paris. En attendant un autre bateau pour se rendre à Tahiti, Edmond se rend à Santiago du Chili. Adèle ne semble pas accompagner Edmond au cours de cette brève incursion dans le pays.  (voir la vie d’Adèle DOMBASLE).

Texte écrit de la main d'Edmond de GINOUX conservé par Adèle de DOMBASLE : "Après un séjour plus que suffisant pour étudier ce que je désirais savoir de Santiago et de ses habitants, je traitai avec un "birlochero" (escroc) pour mon retour à Valparaiso, où je suis rentré le deuxième jour, et si courbaturé que j'ai dit un éternel adieu aux voitures et aux routes du Chili ! "
Arrivée à Nuku Hiva (îles Marquises)

Venant de Valparaiso, Adèle DOMBASLE et Edmond de GINOUX débarquent aux îles Marquises. Dans un article paru en 1851 dans la revue La Politique Nouvelle, Adèle DOMBASLE décrit une promenade à Nuku Hiva en août 1848.

Arrivée à Papeete
Arrivé le 10 septembre 1848 à Papeete, Edmond de Ginoux se fait expulser le 19 septembre par un arrêté de Charles François Lavaud, le nouveau gouverneur. Parce qu’il avait “tenu depuis son arrivée à Tahiti une conduite contraire au bon ordre et à la tranquillité de la colonie”. 
Difficile de croire qu’en une semaine, Edmond avait eu le temps de révolutionner Papeete. Il est clair que le gouverneur, en l’expulsant et en lui interdisant de revenir, réglait un vieux compte (Edmond était journaliste au National qui publiait des articles incendiaires contre Lavaud). Edmond quitta Papeete le 2 octobre.
Extrait des Archives de la Polynésie française
Retour à Nuku Hiva puis à Valparaiso, Lima, etc.

Edmond de GINOUX étant expulsé de Tahiti, le couple a fait probablement escale une nouvelle fois à Nuku Hiva. L’article « Souvenirs des îles Marquises- l’éventail de la grande prêtresse » rédigé par Edmond précise que le grand prêtre est décédé 2 mois après l’avoir vu et en 1849. Cela nous mène, au plus tôt, en octobre 1848, après l’expulsion d’Edmond.

Depuis Valparaiso où il s’installa, il abreuva Paris, ministères et presse, de courriers dénonçant Lavaud, demandant que son honneur soit lavé par une sanction envers le gouverneur rancunier. Un an plus tard, le 10 septembre 1849, il reçut un courrier mettant fin à sa mission. Il dut rentrer, ce qu’il fit par Lima (où il vécut sept mois dans la misère, faute d’avoir reçu son traitement), Panama, la Jamaïque, la Havane et New-York pour arriver en France en 1850.
A Lima, il est mêlé à la constitution d’une  Société franco-péruvienne des mines d’or de la province de Carabaya (Pérou) à la recherche d’investisseurs français, avec le marquis de Villiers de l’Isle-Adam, écrivain et Alcide d’Orbiny, éminent naturaliste (source BEROSE, encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie : Une vie de recherche tient-elle dans un appartement ? L’inventaire après décès d’Alcide d’Orbigny ; auteur Pascal Riviale). Extrait ci-après de l’article de Pascal RIVIALE (2019) :
 
« D’Orbigny fut lié à au moins une autre compagnie d’exploitation minière. En 1853 était publiée à Paris une brochure intitulée Société franco-péruvienne des mines d’or de la province de Carabaya (Pérou), cosignée par le marquis de Villiers de l’Isle-Adam et Edmond de Ginoux. Le premier était une sorte d’illuminé qui courait après les chimères, organisant des fouilles en Bretagne – où il résidait – pour y découvrir de supposés trésors cachés ; le second était un mélange de publiciste et d’aventurier : en 1849 il avait été expulsé de Polynésie, où il dirigeait un journal, et avait parcouru le Pérou avant de rentrer en France où il tenta désespérément de vendre la collection archéologique et ethnographique qu’il avait formée au cours de ses pérégrinations. Cette brochure commençait, sans surprise, par une évocation des richesses fabuleuses découvertes par les Espagnols et celles demeurées cachées par les Incas, puis on y vantait les possibilités extraordinaires de cette région. »

Le retour d'Edmond en France

Edmond à Paris (1850-1857)

Edmond se retire à Paris en 1850 (selon Frédéric de La Grandville qui a consulté les archives familiales). Il est encore très actif et donne son avis en septembre 1851 sur la transportation aux îles Marquises peu avant le coup d’état du prince-président BONAPARTE.

Article publié dans l'Émancipation du 10 septembre 1851 - Retronews.fr

Edmond de GINOUX à Nice et sa villa musée (1857-1866)

En 1857, il achète une propriété rurale au bout de la promenade des anglais prolongée, quartier du Carras composée de jardins, de terres arables et d’une maison dans laquelle il entreprend de faire l’inventaire des objets ethniques collectés lors de ses deux voyages. Il transforme la maison, où il vit seul, en véritable musée (500 objets de collection) confirmé par l’extrait ci-dessous du Guide aux Stations d’Hiver du Littoral Méditerranéen Hyères, Cannes, Nice, Menton, Monaco du Docteur LUBENSKI – Charles CAUVIN Editeur, Nice – 1865 (numérisé par GOOGLE Books).

Cette villa musée est de plus confirmée par l’extrait de l’annexe 3 des Statistiques de Alpes Maritimes – volume 2 du Professeur Joseph ROUX – 1862 – Charles CAUVIN, Éditeur, Nice (numérisé par GOOGLE Books)

Décès d'Edmond le 28 juillet 1870 à Marseille

 

Atteint de paralysie suite à une attaque cérébrale en 1866, sa santé décline. Il s’installe dans un établissement spécialisé dans l’accueil des hommes âgés , infirmes et pauvres de la Fondation Saint Jean de Dieu (devenu l’EHPAD Saint Barthélémy) à Marseille. Il revend des parties du terrain de Nice. Il décède à l’âge de 59 ans dans l’établissement le 27 juillet 1870.

Adèle de DOMBASLE, suite au décès d’Edmond décide de racheter ce qui reste de la propriété dont la maison (avec les collections). Elle y demeurera avec son nouveau mari Gustave DARDEL et rachètera du terrain vendu par Edmond.

Adèle de DOMBASLE vendra les collections à un riche baron hollandais Tinco Martinus Lycklama A Nijeholt, richissime Cannois d’adoption. Celui-ci en fera don le 31 décembre 1877 à la ville de Cannes. Cette collection est aujourd’hui au musée de la Castre, château du Suquet à Cannes. Il ne reste que 150 objets sur les 500 collectionnés par Edmond.

Extrait du livre Histoire de la ville de Malaucène des frères SAUREL

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