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L’insurrection de Lyon 1793

Lyon est peuplée de plus de 100 000 habitants, deuxième ville de France après Paris. La ville sort de la révolte des canuts (1786). L’industrie de la soie, principale activité industrielle de Lyon, passe des années difficile. La production des tissus de soie est pratiquement divisée par deux en peu de temps. Dans l’agriculture, les récoltes  subissent de très mauvais rendements faisant monter les prix. Près de 25% de la population lyonnaise est assistée. Les dissensions entre les tisserands et les marchands sont profondément ancrées. Lyon est en pleine crise.

Un combat politique entre Girondins et Jacobins

Au début de l’année 1793 la ville de Lyon est divisée politiquement entre les « clubs » (jacobins extrémistes) et les « sections » plus modérées. La municipalité jacobine est de plus en plus radicale, poussée par un ultra-révolutionnaire, président du tribunal du district. Dès février des troubles éclatent : pillage du club des Jacobins, occupation de l’Arsenal par les sections…

En avril le conseil général de la Commune décide de la création d’un Comité de Salut Public commun à la Commune, au district et au département. La tension politique augmente de jour en jour. Le 14 mai des représentants de la Convention de passage à Lyon suscitent une réunion des corps administratifs qui déclarent la « Patrie en danger » devant les troubles en Vendée. Ils décident la levée d’une armée révolutionnaire lyonnaise, d’un emprunt forcé sur les riches, la proscription des journaux et demandent la création d’un tribunal révolutionnaire. Les modérés dénoncent la tyrannie qui s’installe et dans les jours qui suivent un décret de la Convention semble leur donner raison.

Les 2 partis prennent alors les armes et le 29 mai 1793 les sections modérées basées à l’arsenal passent à l’assaut et s’affrontent violemment avec les jacobins. Ceux-ci défendent l’hôtel de ville avec l’aide de bataillons de soldats. La fusillade dure jusque vers 19h. À l’aube du 30 mai les sections investissent l’hôtel de ville déserté par ses occupants. Les pertes humaines de cette journée insurrectionnelle s’élèvent à environ 43 morts et 300 blessés. Les principaux jacobins sont arrêtés. Une municipalité provisoire s’installe.

Le 31 mai devant les représentants de la Convention et le général Kellermann, chef de l’armée des Alpes, les lyonnais affirment leur attachement à la République et à la Convention.
Malheureusement la situation politique va évoluer en sens inverse entre Lyon et Paris. Deux jours après, dans la capitale, sous la pression populaire les Montagnards extrémistes éliminent leurs adversaires Girondins plus modérés. Un certain nombre de départements, dont Lyon et Marseille dénoncent un déni de démocratie et demandent que la Convention se réunisse en dehors de Paris.

Les sections créent une Commission populaire du département de Rhône-et-Loire. Le 4 juillet, espérant le concours d’autres départements, elle rompt avec la Convention et commence à préparer la défense de la ville. Le 8 juillet, la Commission nomme général en chef le citoyen Perrin de Précy ; ses lieutenants sont tous des royalistes. Le 12 juillet, la Convention déclare la ville en état de rébellion. Le 14 juillet une prise d’armes de l’armée de Lyon a lieu place Bellecour.
Le lendemain se déroule le procès du leader montagnard : il est condamné à mort. La rupture est définitivement consommée le 16 juillet par son exécution place des Terreaux avec la guillotine qu’il avait fait venir…
Dès lors la ville se prépare à la guerre. On implante des redoutes dans certaines maisons, devant les remparts en mauvais état de Fourvière et de la Croix-Rousse, au pont d’Oullins et surtout au débouché du pont Morand. Sur les 12000 hommes de l’Armée de Lyon, seulement 3500 sont aguerris dont 4 à 500 cavaliers.

Le siège de Lyon pour mater le soulèvement

L’armée des Alpes, sous les ordres de Kellermann, fait alors face à une offensive des Piémontais en Savoie et ne peut pas faire mouvement avant le 10 août 1793. Le 12 août, les représentants de la Convention scindent le département révolté, créant la Loire, avec Feurs comme chef-lieu et le Rhône. Le 21, la Convention envoie 3 autres délégués appuyer leurs six collègues représentants. Le lendemain, le bombardement de la ville commence, et, en septembre, elle est encerclée ; le 29 septembre, au sud-ouest, le fort de Sainte-Foy est enlevé. Environ 44 000 boulets, bombes et autre obus tombèrent sur Lyon, sans toutefois la détruire.

Le 3 octobre, les délégués de la Convention somment les Lyonnais de se rendre, et une trêve est observée jusqu’au 7. Après des délibérations dans les sections, le 8 octobre, une délégation est envoyée pour négocier, malgré l’opposition du général en chef Perrin de Précy, tandis que les forts de Saint-Irénée et de Saint-Just tombent.

Le lendemain, à l’aube, Perrin de Précy s’échappe de la ville par Vaise, au nord-ouest, et se cache, avant de passer en Suisse. Les autorités civiles capitulent à midi.

la répression des insurgés de Lyon

À Paris le 12 octobre, la Convention publie un décret vengeur resté célèbre : « Lyon fit la guerre à la liberté , Lyon n’est plus » . La ville doit être détruite et ce qu’il en restera sera dénommé « Ville Affranchie«  .

La « Commission militaire » statue, dès le 11 octobre, et fait fusiller 106 personnes, dont les lieutenants de Perrin de Précy.

La « Commission de justice populaire », qui fonctionne à partir du 21 octobre, fait guillotiner 79 personnes, dont les royalistes Gaspard de FORBIN LA BARBEN et son beau-frère André Elzéard d’ARBAUD.

Les deux commissions disparaissent, le 9 décembre. Quant à la « Commission révolutionnaire extraordinaire » qui siège du  au elle décide d’emblée de substituer des mitraillades collectives aux fusillades individuelles et à la guillotine. Les 4 et 5 décembre, 60, puis 208 ou 209 condamnés sont tués par trois pièces de canon chargées à mitraille dans la plaine des Brotteaux, près de la grange de Part-Dieu. Cette méthode est abandonnée, le 17 décembre. Environ 2000 personnes furent exécutées.

Les démolitions ordonnées par la Convention sont symboliques.  Les représentants de la Convention donnent le premier coup de marteau le 26 octobre. Sont concernées les façades est et ouest de la ci-devant place Bellecour, appelée place de la Fédération, ainsi que le château Pierre-Scize, prison dominant la Saône nommée « l’effroi du genre humain ».

 
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